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Bernard D.
116 abonnés
613 critiques
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3,5
Publiée le 2 mai 2022
« Le sel de la mer » (2008) est le deuxième film de la réalisatrice palestinienne Annemarie Jacir. Soraya (Suheir Hammad, poétesse elle-même palestino-américaine), 28 ans est née à Brooklyn mais son grand-père et son père ont été chassés en 1948 de Jaffa puis partis au Liban dans un camp de réfugiés américains. Soraya décide de retrouver ses racines et revient également sur place pour récupérer de son grand-père décédé. Entrée avec un visa touristique de 15 jours, elle est longuement interrogée à la frontière et ne pourra pas récupérer cet argent, la banque ayant « disparue » ! Elle se rend alors à Ramallah et y rencontre Emad (Saleh Bakri) et son ami, Marwan (Riyad Ideis), 2 jeunes palestiniens « enfermés » dans leur ville natale. Le trio réussit par la force à récupérer les quelques 15 000 $US du grand-père. Soraya et Emad partent alors malgré les nombreux contrôles de police à la recherche de leurs maisons d’origine… l’un étant Palestinien donc « clandestin » et le visa de Soraya ayant échu. Qu’importe… Un film sans aucune fioriture cinématographique qui témoigne une nouvelle fois de la complexité de la situation israélo-palestinienne et ici de l’amertume de ces 2 jeunes non velléitaires, qui sont devenus des étrangers là même où ils sont nés.
L'histoire d'une palestinienne habitant à New York qui veut vivre en Palestine... cherchez l'erreur. Sur un sujet très très délicat par les temps qui restent où la pensée unique reste très puissante en France et aux States, il est toujours plaisant de voir le courage ou le poids économique des minorités qui dénoncent certaines évidences, et des distributeurs idoines. Mais j'ai toujours pensé que la montée en puissance des Chinois, des Mexicains et des Indiens allait un jour ou l'autre remettre en cause certains lobbies, ce qui arrive dans le quartier du sentier n'est que le prémice à ce que je considère comme le deuxième déclin. Ce qui laissera un peu plus d'intégration et de paix aux juifs progressistes du monde, et moins de moyens aux sionistes forcenés qui utilisent le progrès technique comme une force sans comprendre qu'il sous entend une évolution humaine incompatible avec l'extrémisme ou la religion, de quelque côté qu'ils soient. L'originalité du film est aussi de montrer que l'idéologie en arrive à l'absurde quand on voit comment des palestiniens se font passer facilement pour des israëliens, ils serait temps que tout ce beau monde se souvienne de ce que veut dire sémite. La première intelligence de la réalisatrice c'est d'abord d'avoir effectué un casting de rêve. La palestinienne est très belle, pas de cette beauté facile caucasienne, mais de celle exigeante et sensuelle des femmes du moyen orient. Le petit copain est pas mal non plus, une sorte de Zidane avec un cerveau en prime. On suit donc leur difficile périple avec l'intérêt de l'esthétique. La deuxième réussite, c'est d'avoir montré combien les personnages sont prisonniers d'une situation indémerdable qui leur fait « pêter » les plombs, même s'ils sont au départ très cultivés et calmes. Enfin, loin d'un certain manichéisme ou d'un aspect partisan (plus visible chez Suleiman finalement), la réalisatrice nuance son propos et laisse à la caméra et à ce mur de la honte le soin de finaliser ce que l'on peut penser de cette situation ubuesque de la palestine. Les images valent mieux qu'un long discours. Après, l'idéologie ou la xénophobie naturelle au parisien bien confortablement installé dans son siège de cinéma lui laissera penser ce qu'il veut des arriérés palestiniens qui n'ont pas su gérer leur pays. Mais il aura aussi le choix de penser ce qu'il veut de ces juifs qui ne survivent dans un désert qu'avec l'éducation scientifique et le progrès technologique payé par toute la diaspora mondiale, et surtout américaine. Ce qui ne fait en aucun cas d'eux des héros surtout au prix du désastre écologique annoncé dans cette région ! Un beau film âpre mais séduisant comme un road movie sans fin, qui permet d'oublier le conflit des envahisseurs dans leur droit international et des envahis dans leur martyre. Ce que je veux dire, c'est que c'est moins triste que le sujet pouvait le laisser penser.
D'énergiques comédiens convaincants ainsi qu'un sujet simple (les racines familiales) évoqué dans un contexte militaro-politico-religieux tendu constituent les principaux atouts de cet agréable road-movie.Quelques longueurs lors d'une seconde partie qui s'essouffle comme un final attendu viennent atténuer la bonne impression globale.A travers la quête identitaire de Soraya et sur un mode meleant gravité et légèreté (de petites histoires au cœur de la grande) ,la jeune réalisatrice dépeint le difficile quotidien de populations Palestiniennes soumises aux incessants contrôles militaires Israeliens.L'on pourra toujours lui reprocher l'aspect manichéen de sa description mais en tout cas pas la pertinence de son casting qui emporte l'adhésion générale ,notamment Hammad et Bakri (pas jean pierre !!) qui forment un séduisant couple empli de rage ,de rêves et de désirs.La Palestine ou le concept d'une immense prison a ciel ouvert sans le moindre barreaux mais avec un mur ,celui de la honte.
"Le Sel De La Mer" mêle histoires d'amour et politique dans un road movie palestinien. Ce sujet sensible est abordé de manière fine et intelligente et cela se ressent dans le scénario et les dialogues. Seul une baisse de rythme vient ternir ce long métrage durant la seconde partie.