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Un visiteur
1,0
Publiée le 7 septembre 2008
Le cinéma palestinien a deux choix: soit de vendre une fiction totale, par exemple Paradise Now (où les protagonistes sont deux futurs kamikazes sensibles et censés). soit un film sans fond. C'est le cas de ce film d'essai, quasi similaire a bon nombre de films orientaux: des pleurs, de la rage, des silences interminables, et des femmes voilées. Ce film est bien évidemment anti israelien, et tente en continue, d'assimiler l'Etat d'Israel a un régime fasciste, et la situation de l'héroine, à une juive sortant des camps et réclamant sa propriété spoliée.
On apprend tout de même en filigrane, que le dit grand père était un activiste virulent, ce qui explique la mise en séquestre des biens et sommes réclamés par Soraya. Qu'importe, le drame est posé.
Le film termine dans un nihilisme absolu de l'existence d'Israel au profit d'une "Palestine éternelle". Le même film fait par un israélien présentant les territoires arabes comme parties intégrantes d'Israel, aurait été dénoncé comme un film incendiaire, irresponsable et raciste.
Voila donc ma conclusion sur ce "film" creux et violent enrobé dans un linge de pleurnicheries.
Cette fiction inspirée de faits politiques sans doute réels enfonce les portes ouvertes et retrouve les pires travers du cinéma d'un Boisset des années 70 : personnages manichéens (les Palestiniens sont tous des victimes et les Israéliens des abrutis notoires), filmage à la truelle, situations explicatives et lourdes (le gros plan du personnage en train de vomir succédant à la séquence de la villa familiale aux mains de l'occupant). Aucune nuance, aucune ellipse dans ce qui se serait davantage prêté à un reportage télévisé.
Le bleu du ciel qui se reflète à la surface de la mer appelle à unir deux éléments opposés que tout, dans les caractéristiques, unit. «Salt of this sea» (Palestine, 2008) d’Annemarie Jacir produit le même mouvement, écrit le même geste de réunion entre deux éléments semblables que l’espace sépare. Née aux Etats-Unis, Soraya a l’ambition de revenir habiter sur la terre de ses parents. En premier lieu, elle compte seulement récupérer l’argent que ses parents ont laissé dans un compte en banque. Or depuis l’annexion d’une parcelle du territoire palestinien par Israël, l’argent conservé sur un compte est devenu indisponible. Par piété filiale, et en raison également d’une petite mais vive rancœur pour Israël, Soraya, accompagnée d’Emad et de son ami Marwan, vont fuir la Palestine pour venir occuper, à leur proportion, un territoire qu’ils considèrent comme légitimement le leur. Étant mise hors de la maison de ses aïeux, Soraya en vient à occuper pour foyer une grotte désignée comme patrimoine naturelle. Jacir dessine le mouvement d’un retour, développe les émotions toute fordienne qui accompagne la recherche nécessaire d’un foyer. Cette poursuite vers les origines, sur fond d’une nature contrainte et comme assénée sous les ruptures des frontières, emprunte des voies agressives, des scènes de tension. Jacir n’est pas dupe, elle sait pleinement combien la reconquête d’un lieu, la reterritorialisation des individus sur une zone en passe par des hostilités. La Palestine résonne au son de Soraya, elle se fait entendre lorsque, de rage et de lassitude, elle crie contre l’injustice. Cet appel si fréquent à l’injustice rend le film partial et arbitraire. Jacir n’organise pas les raisons qui opposent Israël à la Palestine, elle n’en révèle pas les motifs mais se contentent de décrire la petite émotion, de retranscrire le phénomène de souffrance que connaît tous palestiniens. En conservant l’obscurité de ses sentiments, Jacir tombe dans l’écueil de la chronique.
Si la vitalité du film d'Annemarie Jacir peut séduire un moment, liée à une renaissance cohérente du cinéma israélo-palestinien, l'intrigue du film peut, quant à elle, laisser perplexe. Car au final, en abordant un thème nécessaire sur les questions d'identité et de retour aux sources qui sont un peu les bêtes noires d'Israël et de la Palestine, la réalisatrice n'arrive jamais à saisir tout l'interêt de cette quête vers soi-même. En abandonnant ses personnages à l'instinct, le film sonne souvent faux, comme s'il avait bien fallu réfléchir à ce qui aurait pu arriver à cette troupe de rebelles inoffensifs. En évitant toute cruauté, toute noirceur, "Le sel de la mer" prend des allures innocentes qui ne lui conviennent pas vraiment. Le refus absolu de sombrer dans une quelconque recherche d'émotion (et qui caractérise parfaitement le langage actuel de cette nouvelle vague de cinéma israélo-palestinienne) distrait un peu l'intrigue qui, à vouloir étaler des palettes de la vie ordinaire sans réelle innovation, tombe peu à peu dans un enchaînement diaporamique de situations souvent mal reliées entre elles. Certes la maîtrise de la caméra saute aux yeux et le travail sonore très élaboré qui l'accompagne joue en faveur de l'impact visuel, mais "Le sel de la mer", trop dispersé et pas assez matériel (au sens compact du terme, d'un ensemble compact, regroupé et cohérent), peine réellement à susciter l'interêt. Mêmes les amoureux de Ramallah, filmée avec un sens esthétique très pur et d'une discrétion plus profonde qu'il n'y paraît, ne seront conquis par une oeuvre bien trop désaxée de son sujet pour avoir une vraie portée sensationnelle (en tant que sensations) et universelle.