Ce film a été sélectionné au Festival de Cannes 2008, dans le cadre de la Semaine de la Critique.
Duane Hopkins précise ses intentions : "Avant tout, je voulais évoquer l'aspiration des individus à la sécurité et leur besoin de stabilité sentimentale et de bonheur – tout ce qui a trait au besoin de sociabilité. J'ai souhaité en parler à travers les thématiques de l'apprentissage de l'amour, de la quête de relations durables et de ses conséquences sur un personnage qui s'approche de la mort. Je pense que le spectateur est habitué à voir la plupart de ces problématiques abordées au cinéma, mais surtout dans un environnement urbain où la toxicomanie s'inscrit normalement dans un contexte socio-politique. Je voulais aborder ces problématiques dans un cadre inhabituel et m'intéresser à des générations différentes qui sont toutes à la recherche du bonheur. Je souhaitais également évoquer les succès et les échecs d'une relation amoureuse, et parler de l'usage de substances artificielles dont le but est également de trouver le bonheur. En somme, la vie, l'amour, la perte et l'addiction."
Better things est le premier long métrage de Duane Hopkins, cinéaste britannique né en 1974, qui a grandi dans la région des Cotswolds (où se situe l'action du film), dans la campagne anglaise. Après avoir étudié la peinture et la photographie, il a réalisé deux courts métrages remarqués, Field (présenté à la Semaine de la Critique en 2001 et Love me or leave me alone 2003). Ces deux films avaient déjà pour héros des adolescents (interprétés par des non-professionnels) dans un milieu rural. Parallèlement à son activité de metteur en scène, Duane Hopkins poursuit ses travaux de photographie et conçoit des installations.
La drogue est au coeur des relations de plusieurs personnages de Better things. "Dans ce milieu et pour cette génération, l'usage de la drogue est totalement banalisé, constate le réalisateur. "Cela ne me choque pas du tout : je montre seulement la manière dont ces personnages ont intégré la drogue à leur quotidien. Il n'y a rien de gratuit là-dedans, même si les scènes sont peut-être très crûes (...) Chaque fois que je suis retourné dans la région où j'ai grandi (et où le film a été tourné), en gros tous les six mois, j'entendais parler d'un vieux copain qui était mort d'overdose (...) S'ils commencent si jeunes, c'est parce qu'ils s'ennuient, que la drogue est accessible et que cela les intrigue (...) C'est comme s'ils s'anesthésiaient pour se protéger du monde et de ses contraintes. C'est une sorte d'automédication qui leur permet de vivre dans un monde à eux où ils se sentent plus à l'aise. Au cours de nos rencontres avec des toxicos, certains parlaient de la drogue comme de leur meilleur ami, de leur confident ou encore de leur amant. Ce qui est frappant, c'est qu'ils ont l'impression que rien ne peut leur arriver et que, même lorsqu'ils ont un copain qui meurt d'overdose, ils continuent à se fournir en héroïne avant et après l'enterrement de cet ami, en pensant que cela ne peut pas leur arriver."
Le réalisateur situe son film par rapport à la tradition réaliste et sociale du cinéma britannique : "Je pense que mon approche du réalisme social est différente, même si j'ai beaucoup regardé les films de Ken Loach, Alan Clarke et Mike Leigh dans ma jeunesse et que je revendique leur influence sur mon cinéma – Clarke tout particulièrement. Car je me reconnais largement dans l'Angleterre que ce dernier dépeint. Pour autant, il existe aussi une tradition du cinéma anglais consistant à détourner le réalisme social. Je pense à des cinéastes comme Bill Douglas, à Terence Davies dans ses premiers films, à Michael Powell et Emeric Pressburger, ou encore à Lynne Ramsay aujourd'hui. Ils partent du monde réel, mais parviennent à dépasser la simple captation de leur environnement, en créant un univers personnel qui, grâce aux effets de montage, dévoile la vérité intérieure des personnages et du monde dans lequel ils vivent. Du coup, même si Better things s'inspire nécessairement des films qui l'ont précédé et évoque un certain courant esthétique, j'ai tenté de lui donner une dimension que j'espère plus poétique et transcendante."
Duane Hopkins parle de son travail avec les comédiens non-professionnels : "Certains personnages sont toxicomanes, et comme je voulais trouver des interprètes qui soient passés par là afin d'apporter une grande authenticité à ces personnages, cela a demandé beaucoup de temps et a posé des difficultés vis-à-vis des assurances. Je cherche des interprètes dont le visage et l'expérience m'intéressent. Il faut d'abord qu'ils soient photogéniques, puis que leur expérience soit suffisamment riche : en effet, dans ma direction d'acteur, je me sers de ce que je sais des comédiens pour les pousser dans leurs retranchements et les aider à sentir leur personnage. J'essaie ensuite d'utiliser ma caméra comme un microscope pour trouver un équilibre entre le personnage tel que je l'ai imaginé dans le scénario et leur personnalité."