On a toujours dit que l'art, pour chacun, et avant tout pour celui qui l'alimente, pour celui qui le 'fait' , a valeur de réconciliation ; être artiste serait donc une méthode comme une autre, et peut-être même la plus puissante et la plus incontestable puisqu'elle peut à volonté évoquer l'imaginaire comme elle convoque le réel, pour désamorcer ses obsessions, pour délaisser dans l'artisanat et la construction d'une oeuvre d'art la haine de la réalité, ou au contraire, renforcer cette haine dans l'art pour s'en débarasser au quotidien. L'art est une thérapie en trois périodes ; de la réflexion, l'idée, vient la réalisation concrête, au sens matériel du terme - la pièce peut très bien être abstraite - , amenant elle-même à la satisfaction de l'idée accomplie. Tout cela pour dire qu'ici, au milieu de cette haine de la patrie anglaise, de ces vomissements continus des valeurs illusoires, de ce désespoir sans fin, de ce défaitisme et de ce pessimisme glauque, ne peut émerger qu'un éclaircissement pour son auteur qui, bien sûr, a pensé à son public - car le film n'est pas distribué pour rien. Duane Hopkins, artiste confirmé dès ce premier long-métrage (dimension esthétique rigoureuse en opposition avec la flexibilité formelle et narrative), filme la campagne anglaise, ses paumés et les errances qui s'en suivent, errances au sens propre comme au sens figuré - la drogue. Comme dans "Love me or leave me alone" et "Field" , ses précédents courts-métrages, Duane Hopkins prend comme sujet cet ennui insoutenable, tragique, le désespoir orageux et réel de protagonistes dont le seul épanouissement se retrouve dans la drogue ou le sexe (pour les jeunes), et l'ennui dans la vieillesse, l'envie de redécouvrir comme avant un Monde qui, pourtant, a bien changé. La représentation esthétique de cet ennui, de cette morosité est superbement rendue par l'utilisation d'une forme aléatoire et qui navigue, au rythme lent du sifflement d'un vent fastidieux, entre chacun des personnages. Les pa