United Red Army : les secrets du tournage

A la fin des années 60, le Japon est en proie à une violente contestation étudiante. Un mouvement qui tend à se radicaliser de plus en plus, jusqu'à l'affaire du chalet d'Asama, une prise d'otage sanglante. Peu connu en Occident, l'affaire est pourtant surmédiatisée au Japon: 14 étudiants, victimes du fanatisme de leurs leaders, sont découverts morts dans d'atroces circonstances. United Red Army revient sur cet évènement marquant.

Kôji Wakamatsu, ancien Yakuza, a passé quelques années en prison avant de devenir cinéaste. Ce n'est qu'en 1965, avec le film Affairs Within Walls, qu'il débute sa carrière.

United Red Army est un docu fiction. S'inspirant des faits réels, le film est construit à partir d'images d'archives illustrant l'affaire, mais pas seulement. Il comporte également une partie purement fictionnelle, imaginée à partir de témoignages. Afin de ne pas induire en erreur les spectateurs, le réalisateur a souhaité préciser au début du film qu'il s'agissait "d'évènements réels avec quelques ajouts de fiction".

Au Japon, les films sur l'affaire Asama sont très nombreux, souvent "confus, fantasmés ou mensongers", précise le réalisateur. Aborder ce sujet était donc un moyen, pour Kôji Wakamatsu, de "restaurer la vérité et la transmettre aux générations futures. Je sens que c'est ma mission en tant que cinéaste."

Takaki Uda, acteur et interprète de Masakuni Yoshino - l'un des cinq preneurs d'otages - souhaitait rencontrer le prisonnier afin de rentrer au mieux dans son rôle. Dans cette optique, l'acteur a envoyé une lettre à la prison de Chiba, mais Yoshino lui a répondu la chose suivante : " Interprétez mon rôle à votre manière, comme vous le sentez. Je voudrais que nous nous rencontrions dans le film." Masakuni Yoshino a finalement accepté de relater toute son expérience de l'Armée Rouge par écrit, et envoya à l'acteur plusieurs lettres.

Pour financer son film, Kôji Wakamatsu a fait une demande de subvention mais le réalisateur a été débouté. Propriétaire de sa maison et d'une boîte de production, le cinéaste n'a pas eu d'autres choix que d'hypothéquer ses deux biens pour mener à bien son projet de film. Loin d'avoir perdu son sens de l'humour, Wakamatsu précise: "je pense aller à la banqueroute !"

Le film étant réalisé avec un budget limité, toute l'équipe de tournage y a mis du sien pour limiter au mieux les dépenses. Kôji Wakamatsu raconte :" Si une seule personne avait manqué, nous n'aurions pas pu réaliser le film (...) Chacun faisait en fonction de ses capacités. Les cadreurs et les opérateurs conduisaient eux-mêmes les voitures. L'équipe d'éclairage est même allée exprès jusqu'à Shizuoka pour louer un camion moins cher." Pas de maquilleuse, ni de costumière. Les acteurs devaient prendre en charge leurs tenues pour optimiser au maximum le budget alloué au film.