VERSUS
"C’est la guerre"
(Préface du film par Olivier Cachin - auteur, journaliste et animateur)
L’art de la guerre. Sun Tzu l’a théorisé, le hip hop en a fait une réalité. Les gladiateurs des temps modernes ne sont plus armés de boucliers et de glaives, ils ont troqué les armes fatales contre des micros. Mais leurs mots sont tout aussi tranchants que les katanas des samouraïs, et peuvent faire aussi mal qu’une lame.
Cédric Pinto a vu cette guerre des mots un soir de février 2005, et il ne s’en est jamais remis. Depuis cette battle mémorable du quartier des Epinettes à Evry titrée «Reste-t-il des vrais ?», il a compris que le hip hop français, derrière les tubes, les stars, le strass et les paillettes, restait un art de rue qui pouvait servir à assassiner verbalement le MC concurrent.
L’essence même du rap est là, dans cette joute verbale où rien n’est personnel mais tout est question de virtuosité linguistique.
L’improvisation. Le mot qui tue. La phase qui défonce. La rime fatale. Et l’adrénaline qui coule à flow lorsque deux MCs se font face sur le ring de la scène, avec comme but ultime de prouver à l’autre et au public qui est le meilleur.
Pendant trois ans, Cédric les a tous rencontrés. Les obscurs et les sans grades, les cadors du freestyle, les Parisiens et les Marseillais, les Zoxea et les Sadik Asken, les Lyonnais et les Bordelais, avec même une escale à La Mecque (New York), histoire de comprendre les racines du mouvement.
Il en a résulté un documentaire comme on en voit peu. Versus. La véritable histoire de l’art de la guerre version hip hop. Avec l’improvisateur hors du commun qu’est Aladoum comme guide dans cette jungle verbale, Versus plonge le spectateur au cœur du combat.
Versus. Ceux qui vont mourir au champ d’honneur de la rime vous saluent.
Olivier Cachin