L'histoire tirée par les cheveux d'une jeune princesse bien blonde dans sa tour d'ivoire par les fenêtres.
Il devient difficile de faire des films d'animation pour enfants, à force de vouloir faire plaisir et peut-être surtout d'inciter les parents à choisir le film à la place de leur progéniture, on en arrive à des scénarios et des dialogues qui ont du mal à contenter tout le monde.
Les enfants n'avaient pas l'air très attentifs à l'histoire, et parfois le manque d'action (on parle de quart d'heure philosophique) était très patent à les faire décrocher.
Pour les gardiens du troupeau (on était à l'horrible séance de 16h à Opéra un samedi !) la pauvreté de l'idée de départ et la morale insistante du repentir était un peu indigeste. Il reste le traitement par dessus la jambe de certaines séquences avec le cynisme qui convient pour plaire aux ados, manque de pot, il n'y avait pas d'ados dans la salle...
Le dernier truc sur les générations, c'est la scène de l'armoire, qu'un personnage s'écrase le nez dans son sommeil me semble carrément angoissant pour des jeunes, car si l'on peut comprendre la violence infligée à un personnage quand il se bat, c'est bien plus difficile à argumenter quand il est inconscient, et la scène, comme d'autres d'ailleurs, laisse un goût bizarre dans la bouche, n'étant pas du tout indispensable. Surtout que les méchants sont étrangement moins violents ! Avec le rôle de la méchante brune de geai, un message anti féministe caché ?
On peut aussi être dubitatif sur le traitement des cheveux de la belle blonde, un peu moche et filaire là où on attendait une réussite soyeuse à la de l'Oréal.
On peut enfin s'interroger sur la grandeur manganesque des yeux, surtout ceux de la princesse vedette, qui est d'autant plus dommageable que souvent les pupilles ne regardaient pas le personnage en face des trous. Je sais, les personnages n'existaient pas sur le tournage, mais dans d'autres animations de synthèse, le problème ne se voit pas, à mes yeux en tout cas.
Un autre problème, et de taille, la 3D n'est pas du tout exploitée, à part deux ou trois scènes ou le premier plan est vraiment « profondément » devant, tout est désespérément plat. Heureusement que Gaumont ne fait plus payer cette technologie aux abonnés.
Mais surtout, sur certaines images, notamment les portraits, les dégradés de la peau étaient affectés d'un effet de banding. Très désagréable, en enlevant les lunettes, le problème avait l'air de disparaître, un problème technique ? Et pour certaines scènes dans le noir, on ne voyait plus grand chose à cause d'effets parasites.. On est très loin de la perfection d'« Avatar ».
On finit avec ce qui fâche pour parler de la version française, des chansons cruches à la Star Academy avec des orchestrations au rabais, et des voix pas très reconnaissables, à force d'être édulcorées, Duris et Adjani en premier lieu.
Ouf, on peut parler de ce qui n'est pas mal. Le graphisme est supportable, même si les plantes font très plastique, les personnages sont souvent sympa, et le cheval se révèle irrésistibles bien que répétitif.
En fait, au milieu de toutes ces critiques, le film est supportable grâce à trois excellentes scènes, la taverne, l'envol des lanternes et les courses poursuites avec le cheval.
On peut aussi remarquer l'intelligence marketing, les lanternes seront sûrement reprises dans les animations de DisneyWorld et les scènes dans les rues du royaumes donnent presque l'impression d'une promenade dans le parc d'attraction, une sorte de marketing à l'envers, on vous fait voir ce que vous allez payer 3 fois plus cher en vrai, alors que d'habitude vous le voyez d'abord au cinéma, puis en famille au soleil avec 3 heures de queue. Trop fort Disney.
En résumé, le grand écart entre plusieurs publics, sans se décider réellement, et la 3D décevante laisse une impression mitigée pour un film que la critique présentait comme le retour de Disney. C'est loin d'être le cas et Pixar garde une sacrée longueur d'avance.