Le troisième de lui pour moi, son plus récent en l’occurrence, on suit la chronologie. Malheureusement, je suis dans un constat similaire à ses précédents, enfin pas trop Memories of Murder mais surtout The Host : d’excellentes idées, contrebalancées par une ambiance indéfinie, un mélange de genres qui m’a peu enthousiasmé, et voilà autant pour Memories of Murder l’intensité et l’histoire parviennent très efficacement à « cacher » ça, autant dans The Host et surtout ici c’est bien plus compliqué.
Bon commençons positivement par ce qui m’a plus car effectivement il y a de très bonnes choses dedans. L’angle pris déjà, se focaliser sur la mère, et pour aller plus loin sur la relation avec son fils, est extrêmement original, surtout que ça s’accompagne d’une enquête policière assez prenante. Il y a des idées comme avec l’acuponcture que je trouve géniales, cette méthode pour vouloir oublier, effacer ses souvenirs, et bien sûr la « méditation » de son fils, qui le rend presque inconsciemment amnésique, se rappelant de certains évènements que plus tard (le rétroviseur, ou bien le mec sur la scène du crime, et ça va même plus loin, jusqu’à un souvenir d’enfance grave). On peut donc déjà émettre une responsabilité de sa mère sur ce point-là, qui apprend son fils à oublier… La relation mère/fils, et ce qu’elle engendre, est sans conteste ce qu’il y a de plus beau dans le film. Une relation fusionnelle, qui atteint son paroxysme avec cette scène délirante où lui pisse et elle le fait boire en même temps du café, j’ai trouvé cette scène magnifique. Et à partir de là, dès que son fils va être inculpé, sa mère – sans chercher vraiment à trouver la vérité – va tout faire pour le sauver. Jusqu’à le déraisonnable, la folie même, et ça, j’ai adoré. Lorsqu’elle se retrouve dans la friperie avec le vieux, qui lui avoue avoir vu son fils tuer la fille, et de là elle la mère qui refuse de l’admettre, et va même jusqu’à le tuer… C’est fort, Bong Joon-Ho nous montre jusqu’où cette relation peut aller, la passion d’une mère (pauvre, en apparence frustrée sur pas mal de domaines) pour son fils. Sur ces points, on peut dire le fond du fond, l’idée du réalisateur est passionnante et intelligente.
Ceci étant voilà sur un (gros) point je suis beaucoup plus mitigé. Je le disais plus haut, ce mélange de genres. Moins flagrant que dans MoM ou The Host, mais bien présent. En ce sens je pense par exemple à des musiques jazzy qui n’ont strictement rien à faire là en plein milieu du film, à des ajouts d’éléments de critiques comme le pote qui veut escroquer la mère, à des scènes burlesques, qui certes peuvent faire sourire (lorsque la mère arrive dans le commissariat avec la batte de golf ou bien le fils qui se rétame au début en voulant casser le rétro), mais quand on considère le film dans sa globalité n’ont pas vraiment leur place. Des « vrais/faux » flashbacks, je n’ai pas été fan. Ou bien la reconstitution de la scène de crime… Oh c’est bon hein, on a vu MoM, voilà on y a déjà eu droit, ça fonctionne plus maintenant. C’est une critique que j’avais déjà émise – dans des circonstances bien différentes – pour les frères Coen. Les idées sont là, et se suffisent à faire un super film, mais voilà on fait des rajouts à côté, et finalement ça fait tâche quoi, vraiment. Ici dans Mother, comme souvent chez Bong Joon-Ho, j’ai l’impression qu’il ne sait pas sur quel pied balancer, alors que non c’est simplement parce que c’est son style, voilà dans ses précédents c’était déjà flagrant, mais je n’adhère pas, je suis beaucoup plus satisfait de voir un film sur un genre précis, bien défini, et l’ambiance qui va avec, plutôt que de tergiverser constamment, et surtout embrouiller le spectateur, alors que l’idée du film est pourtant simple… Méchamment je pourrais dire que c’est de l’artifice, mais je m’abstiens, c’est la patte du réal, et je ne me vois pas dire ça. De plus pour un film avec un sujet pareil cela m’a rarement ému, il faut le dire… Il y a bien quelques scènes fortes et poignantes, mais au-delà de ça, on enlève le côté burlesque, l’enquête qui suit son cours… J’ai comme l’impression que ce film est vide, c’est très dérangeant d’avoir cette sensation.
Tout cela pour dire je me demande encore si je suis réellement fait pour ce réal car son style m’insupporte parfois, néanmoins les idées, les angles pris, sont passionnants et pertinents, et là dans Mother c’est encore le cas, donc bon…