Après le brillant Memories of murder, le génial The host et une participation mineure dans Tokyo !, Bong Joon-ho nous revient avec un film d'apparence plus simple, oscillant entre policier et néo-réalisme italien. S'ouvrant et se refermant sur deux scènes de toutes beautés, totalement centré sur la mère courage lui donnant son titre, le nouveau film de Bong Joon-ho frappe par la maîtrise de sa narration et de sa mise en scène. Admirablement bien construit, le récit premier, riche en rebondissements, nous fait suivre l'enquête menée par cette "mother" hors normes, ultra-protectrice, et prête à tout pour prouver l'innocence de son fils et le sortir de prison. Une jeune fille a été tuée et Do-joon est le coupable idéal. Au-delà de cette trame policière, le cinéaste nous dresse le portrait de cette femme seule et de son fils tout aussi seul, inadapté au monde, soumis à des pulsions qui le dépassent, et nous plonge dans les troubles relations qui les unissent. Toujours tendu, moins burlesque que The host, plus classique dans la narration, Mother nous réserve quelques scènes puissantes et inoubliables : la reconstitution du crime, l'enterrement de la victime, la fouille dans la maison d'un suspect... Qu'il filme une foule, une confrontation d'une rare violence ou une scène plus intime, le cinéaste coréen sait choisir l'angle de narration et de mise en scène, prouvant une fois de plus l'étendue de son talent. Presque toujours dans le cadre, puissante et entêtée, l'actrice Kim Hye-Ja est magnifique et nous rappelle la Magnani de Mamma Roma. Si Mother ne répond pas totalement aux attentes que l'on pouvait en avoir, s'il n'est pas aussi brillant et libre que The host ni aussi glaçant que Memories of murder, il n'en demeure pas moins riche et dense, prouvant définitivement que Bong Joon-ho fait partie des grands.