Autant je suis un fan de l'oeuvre de Park Chan Wook, autant ce film a était très éprouvant. Il m'a même parfois répugné. Cette adaptation du Thérèse raquin d'emile zola est très libre (heureusement d'ailleurs). S'y mêle 3 univers : celui du catholicisme, des vampires et de la sexualité. Le premier est plus un pretexte pour amener le film même si il est important pour le message. Intéressant sur le papier, mais la réalisation m'a complètement rebuté. Autant j'aime bien les oeuvres délires, surréalistes, autant la j'ai eu l'impression d'être dans un pur exercice de style, d'en faire trop. Et moi qui aime le cinéma coréen, j'ai eu l'impression de voir du trop coréen : cette volonté de faire du gore, de la violence et du sexe stylisée, pourquoi pas, mais pas à outrance. Je ne suis pas âme sensible, loin de là, et je crois pourtant bien que c'est la premiere fois que je vais dire ca de vie : mais ce film m'a dégoûté. Je n'ai pas étais dégoûté devant Salo ou les 120 jours de Sodome, et même si on est pas dans le même registre ici, il y a quelque chose que j'ai trouvé dégueu, car gratuit et inintéressant. Du trop dans le sang tout d'abord; et surtout, surtout, une vraie exagération sur les bruitages. Alors c'est censé donner un style mais les bruits de suçage de sang, d'embrassade langoureuse, de fluide qui coule à outrance, un moment ca devient franchement intenable. Ca gâche totalement les scènes sensuelles notamment, qui sont plus répulsives malgré une esthétique fortement érotique. Outre cela, le film se déroule en 2 parties distinctes, chacune d'une heure environ diront nous (pas 2 parties marquées, mais ressenties); la premiere est simplement catastrophique, elle donne tout dans l'excès, tout dans la repugnance, c'est assez insupportable. La deuxième est beaucoup plus agréable, très stylisée et on ressent une véritable tension, notamment dans ce huit clos qui s'installe. L'histoire part moins en cacahuète tout en conservant un aspect baroque qui fait l'identité du film. Cette dernière partie sauve le film que je n'avais pas du tout apprécié; A l'évidence, ce Thirst ceci est mon sang est virtuose, il s'en dégage une ambiance unique, on est dans du cinéma personnel, du cinéma d'artistes, du cinéma de réalisateur; mais moi qui suis pourtant adepte de la liberté prise par rapport aux codes, je trouve que celui ci va bien trop loin. Et c'est dommage, car la caméra est magnifique, le style graphique unique, la photo sublime. Song Kang-Ho, ce pillier de la nouvelle vague coréenne, le Jean Paul Belmondo asiatuqe (pas du tout le même jeu mais l'analogie est faite pour l'importance qu'il occupe), joue merveilleusement bien. Mais comme a son habitude chez Park Chan wook, c'est une femme qui se révèle complètement, ici Kim Ok-Vin, déroutante et électrisante, qui dégage quelque chose d'incroyablement sensuel, d'une beauté a vous glacer et au jeu très nuancé et insaisissable, qui révèle des notes de luxures, d'humour noir, de perversité, de folie ou de naïveté. On aurait pu donc être face à un chef d'oeuvre. D'un certain côté, je trouve que son prix du jury à Cannes n'est pas volé : on a un film très singulier, très beau; mais aussi très éprouvant (non par le rythme, mais par le style de certaines scènes). Je ne saurai si je dois vous le conseiller ou non : dans le doute, regardez toujours, et il est toujours nécessaire de s'intéresser aux films atypiques.