"Thirst, ceci est mon sang" est une très grosse déception; m'attendant à tomber sur un autre grand film de Park Chan-wook, le résultat final n'était que tristesse et frustration. Frustration de ce que le film aurait pu et aurait dû être : un chef-d'oeuvre noir des films de vampires, une oeuvre profonde, sensuelle et réfléchie, quelque chose qui t'embarquerait dans ses tripes de son début jusqu'à sa fin. Sauf qu'il est une grande lenteur de présente dans ce film; supprimez en une bonne demi-heure, virez le segment de la belle mère, et vous y gagnerez en fluidité, en intérêt, mais également et surtout en beauté. Car il faut le dire : cette demi-heure en trop, avec retournements de situation et changements brutaux de position par rapport au vampirisme, n'est que laideur et lourdeur. C'est moche à voir, pas spécialement inspiré au niveau de la mise en scène, et carrément bordélique dans son écriture. Car quoi que l'on en dise, il est une chose certaine : le metteur en scène a déjà fait des films bien plus esthétiques, beaucoup plus agréables à l'oeil. Ici, et malgré certaines séquences qui vous en retournent l'oeil de tant d'originalité, une terrible impression émerge du tout; l'on a vite le sentiment que le film a été réalisé par plusieurs personnes, deux au minimum, tant il se révèle hétérogène, beau par ci quand il n'est pas laid par là, inspiré à tel moment puis vide de sens et d'esthétique par la suite. La faute ne viendra bien sûr pas de la part des acteurs, deux protagonistes qui forment un couple de diaboliques monstruosités. Fascinant dans leur gestuelle, impliqué jusqu'au cou, à fond dans leur rôle et croyant pleinement au film, ils nous renvoient une prestation somme toute parfaite, sublimement passionné comme passionnément sublime. Touchants malgré leur cruauté, cruels malgré leur humanité. J'ai même envie de dire que c'est pour cela, qu'ils sont cruels; car même s'ils sont vampires, ils n'en finissent plus d'agir comme des hommes barbares, comme des bêtes conscientes. N'est-ce pas finalement cela qu'être homme? En soucis notable de l'oeuvre, j'ai trouvé que son ironie très présente se changeait rapidement en un ton grotesque; le fait qu'il boive le sang des comateux, la manière de le faire, la direction du jeu des acteurs qui rend souvent le trip surréaliste et l'éloigne complètement de son sujet, tout cela contribue à ruiner sa crédibilité. Car "Thirst, ceci est mon sang" ne brillera véritablement que lors de ses moments de pur romantisme, de romantisme noir; du reste, il n'y a guère de choses marquantes à relever, de choses plaisantes, tout du moins. Ainsi, du début jusqu'à la fin, "Thirst, ceci est mon sang" n'est qu'une oeuvre décevante aux qualités esthétiques mal exploitées, aux idées de scénario bonnes mais mal développées. Le tout se perdra finalement en plein milieu de film dans une partie laide et démesurée, pas crédible et détruisant complètement les efforts de beauté qu'avait précédemment déployé l'oeuvre. La fin rattrapera quelque peu le tout, bien qu'on ne pourra s'empêcher de penser à un certain Blade. Je n'en dis pas plus. Une grosse déception, donc.