Quoi que je puisse en dire par la suite, First Man est un bon film. Il est réaliste, crédible, témoignant avec virtuosité de l'intensité de la vie de Neil Armstrong et des risques qu'il aura su prendre. Mais il n'est pas dénué de défauts, dont certains m'ont particulièrement gênés. D'abord, le personnage de N. Armstrong, dont je ne saurais dire combien il aura été romancé pour l'oeuvre écrite qui sert de support au film, et la performance de Ryan Gosling. Neil Armstrong est dans First Man l'archétype du mec que personne ne voudrait inviter à sa table. Il est taiseux, arrogant, secret et tellement silencieux ... On a l'impression de retrouver le Gosling de Drive, mutiste à souhait, mais sans y retrouver le même plaisir. C'est quelque part la figure du mythe qui tombe, car Neil Armstrong est pour tout le monde le premier homme sur la Lune, un fantasme planétaire, pas un homme comme vous et moi, avec ses (gros) défauts et son obsession pour l'astre. Ici, contrairement à Apollo 13 (dont de nombreux éléments se retrouvent évidemment dans le film), il n'est pas question d'enjoliver quoi que ce soit. Les couleurs sont froides, l'angoisse palpable et on ne se marre pas des masses. Et là où ça devient plus dur encore, c'est quand Buzz Aldrin débarque et qu'il s'avère encore plus puant que son acolyte. Ca casse un peu le rêve et je ne suis pas certain d'avoir bien envie qu'on le fasse. Bref, pas un défaut en soi, mais j'aurais préféré un peu plus de retenue et un personnage plus riche, moins caricatural. Deuxième point, les prises de vue caméra à l'épaule, pour tout et tout le temps, y compris les gros plans fixes, qui bougent sans cesse. Je comprends bien que Chazelle n'est pas le premier venu et que donc, ces mouvements sont voulus. Mais ils m'ont gêné tout du long. Ensuite, le rythme, lent. Ici encore, j'aurais pu facilement m'en accommoder, mais ajouté aux points précédents, ça frise l'overdose.
Mais quand même à côté de ça, on a le droit à des scènes de vol spatial, notamment les décollages, d'un réalisme jamais vu, qui témoignent de la folie de ces personnes qui expérimentaient avec leur vie pour faire mieux et plus vite que les russes. On ne masque pas les accidents, les tragédies, et les dégâts psychologiques qui vont avec. Là pour le coup, c'est une belle réussite. Et il faut bien avouer qu'une telle histoire ne pouvait que bien se raconter, tant il y a de la matière.
Bref, First Man, bon film mais un certain déséquilibre qui fait qu'on ne pourra jamais le classer dans les immanquables, y compris du moment.