Un classique. Un classique à regarder au moins une fois par an. Une richesse terrible, dissimulée sous une histoire hyper simple. Deux enfants refusent de grandir, jouent au gendarme et aux voleurs, et braquent des banques. Pendant que j'y pense, ce refus de grandir peut peut-être expliquer la sexualité contrariée de Clyde. Comme si ça ne suffisait pas, ils embarquent tout un clan à bord de leurs voitures (volées), vivent à cent à l'heure, et finissent comme on sait. Ce serait nul si il n’y avait pas la grande dépression en toile de fond, les maisons saisies, la misère alentour, une réflexion sur le rôle des banques,(encore les banques !), sur le rôle des médias(et oui !), sur la quête d’identité, (Clyde n’a apparemment aucune ambition, mais Bonnie veut devenir quelqu’un, et c’est le seul moyen qu’elle a trouvée). Le gang devient une famille de substitution recomposée. Le gag du casse raté parce que la banque ayant fait faillite une semaine plus tôt, il n’y a plus d’argent est hilarant. Warren Beaty et Faye Dunaway forment un couple magnifique à l’écran, mais j’ai une faiblesse pour Bonnie, j’aime bien les gens qui ont de l’ambition. Le décor est vivant, il habille et habite les personnages, il est toujours ouvert, toujours extérieur, la voiture, la route, la dune de sable, la fenêtre brisée. Les membres du gang n’ont jamais de réelle intimité, la fuite est perpétuelle sans autre but que le prochain braquage. Même le cinéma où Bonnie profite d’un moment de paix en regardant une comédie musicale, est prétexte à une dispute entre Clyde et Moss. Un style d’enfer, et une scène finale brutale, au montage surprennant, innovant qui en a inspiré plus d’un. Un petit chef-d’œuvre, un classique.