Avis sur Carrefour

Devenu amnésique pendant la guerre, un homme se voit confier un faux mais glorieux état civil. Après vingt ans, il subit les assauts d'un maître chanteur. Il prend alors conscience de sa propre imposture.
Kurt (puis Curtis) Bernhardt a entamé une belle carrière en Allemagne avant de rejoindre la France en 33 puis les Etats-Unis en 40. Carrefour est un film noir avant la lettre, qui a pas mal vieilli, mais reste intéressant pour l'interprétation de Vanel et son thème souvent repris par la suite (le changement d'identité en endossant la personnalité d'un mort).

Le film a d'abord un intérêt dans le suspense lié à l'identité réel du héros puis par l'entrée en jeu du maître chanteur Jules Berry ( évidemment ) sauf que le film n'est pas très coordonné à ce niveau et certains passages ne sont pas très productifs.

Une intrigue qui va droit au but. le duel Charles Vanel face a Jules Berry a de la gueule. Scénario malin et épuré.

De passage en France, Curtis Bernhardt rèalise en 1938 ce très beau "Carrefour" qui rèunit deux des monstres sacrès de l'èpoque: Charles Vanel et Jules Berry! L'histoire qui va se dèrouler sur à peine 70 minutes n'est pas un rècit complètement imaginaire puisqu'il a ètè composèe d'après des documents officiels relatant de nombreux cas semblables qui se sont produits après la première guerre mondiale! Dans diffèrents pays, notamment en France, en Allemagne et en Italie, aucun des anciens soldats qui en furent rèellement les hèros et les victimes ne pourra cependant se reconnaître dans le principal personnage de ce film! Un personnage jouè avec brio par Charles Vanel qui campe un homme amnèsique, victime d'un maître chanteur (Berry, excellent comme toujours, avec les mains dans les poches dans sa première apparition face à l'huissier Marcel Pèrès) qui l'accuse d'être un malfaiteur! Capable de tout jouer, la trop mèconnue Suzy Prim est une fois de plus remarquable nous gratifiant de jolis moments d'èmotions dans le final! Outre son rôle quasi-mythique des "Disparus de Saint-Agil", on peut apercevoir ègalement Jean Claudio en jeune fils de Vanel! Notons que quatre ans plus tard, une version amèricaine sera signè par Jack Conway pour la M.G.M avec William Powell et Hedy Lamarr! Au final, un drame captivant qui maintient constamment l'intèrêt avec une belle photo et une mèlodie en parfaite harmonie avec l'histoire de cet homme pris de doutes...

Une sorte de "Retour de Martin Guerre" sauf qu'il est retourné depuis longtemps et que le personnage ne sait vraiment pas qui il est. Jules Berry jouait avec jubilation encore une fois le rôle de la crapule à l'apparence faussement sympathique, registre qui a fait sa gloire, Suzy Prim hélàs ne croyait pas bon de nous épargner son jeu peu subtilement mélodramatique et Charles Vanel portait une grande partie du film sur ses (solides !!!) épaules. Le film est assez (trop !!!) court mais réussi quand même à bien creuser la profondeur du protagoniste. Mais si les personnages qui entourent ce dernier avaient été un peu plus développé, à l'instar de l'épouse aimante malgré tous les doutes et obstacles, l'oeuvre aurait quand même considérablement gagné en intensité émotionnelle. Peut-être l'esquisse de ce qui aurait pu être un très bon film.