Copie de copie de Scream (mais sans le second degré), Urban Legend appartient à la vague de néo-slashers ayant déferlé sur le paysage hollywoodien à partir de la fin des années 90. Ils se font aujourd’hui de plus en plus rares grâce à la popularisation des survivals gores, catégorie de films d’horreur dont les néo-slashers ne font clairement pas partie. Urban Legend, quant à lui, semble clairement s’y opposer. L’introduction donne le ton du long-métrage tout entier: une jeune femme tombe en panne au milieu de nulle part mais comme elle a du bol elle atteint une station-essence juste avant l’arrêt de sa voiture. Elle tombe sur un pompiste bègue (apparition sympa de Brad Dourif, inoubliable Chucky) qui semble avoir quelque chose à lui dire mais la bougresse effrayée s’enfuit sans l’écouter. Bon, jusque là c’est filmé platement mais il y a une certaine tension: on se dit qu’on a peut-être affaire à un petit film d’horreur sympatoche. Il s’avère en fait que la donzelle n’était pas seule dans sa voiture et elle se prend un méchant coup de hache. Et c’est là qu’on comprend avec désappointement que l’on a affaire à un teen-movie. Car en effet, au lieu d’assister à une décapitation en bonne et due forme, on ne voit rien de plus qu’une hache traversant la vitre conducteur (avec un peu de sang tout de même pour nous rappeler que c’est un film d’horreur et pas un documentaire sur un bucheron qui a mal tourné…). Vient ensuite la présentation des blair…des personnages avec comme dans tout bon slasher cliché qui se respecte une jolie innocente (non on ne devine pas immédiatement qu’elle va s’en sortir quoi arrêtez les mecs!), sa meilleure amie qui est trop pas coincée pour qu’on fasse tout de suite la différence, le beau gosse un peu ténébreux (non on ne devine pas que l’héroïne va en tomber amoureuse arrêtez quoi!), le mec populaire déjanté qui organise des supers teufs (joué par un Michael Rosenbaum avec des cheveux!), la blonde à forte poitrine (Tara Reid, entre ça, American Pie et Alone in the dark, elle aura enchaîné les grands films) sans oublier le gros blaireau qui veut se faire l’héroïne (Joshua Jackson, qui jouait déjà un blaireau dans Dawson mais cette fois c’est plus marrant parce qu’il meurt gniark gniark!). On citera Danielle Harris, habituée du genre qui fait une apparition sympa en gothique dévergondée, ainsi que le légendaire Robert Englund, que je ne vous ferai pas l’affront de présenter. La première partie du métrage réserve évidemment son lot de blagues potaches: profitez-en, parce que le reste du film se prend bien trop au sérieux. En dehors de sa platitude absolue, de son absence d’imagination navrante, de ses agressions sonores censées nous faire sursauter à la moindre apparition surprise du concierge, d’une mouche qui pète ou de la chatte à la voisine et de sa violence bien trop soft pour être honnête (le pire étant probablement le meurtre à coups de hache où on ne voit ni le sang ni la victime), Urban Legend semble se moquer de nous de par son refus total de la cohérence la plus élémentaire. Ainsi, la force physique de ce tueur qui semble infaillible (ou particulièrement chanceux, c'est selon) prête à sourire lorsqu’on découvre de qui il s’agit (dans un final assez ridicule soit dit en passant). Tout comme le fait qu’un homme pousse à peine un « ouille » en se faisant trancher les tendons d’Achille (film vu en Vo) et s’enfuit à 4 pattes aussi rapidement que possible (il devrait ramper mais bon apparemment il a pas vraiment mal) mais sans avoir le bon sens d’éviter la voiture qui lui arrive dessus (pourtant elle ne va pas très vite, contrairement à lui qui court à 4 pattes, il faut le voir pour le croire…). Enfin, on ne pouvait pas attendre grand-chose d’une copie de copie, et Urban Legend a au moins le mérite d’avoir une héroïne charmante (comment ça c’est pas un argument?), de nous montrer la mort de Joshua Jackson (ça c’était drôle!), et d’être plutôt distrayant, voire même assez poilant (pas forcément volontairement). On retiendra surtout la révélation finale, qui défit toute cohérence scénaristique, et la lamentable tentative de sursaut ultime (bouh!Je suis derrière toi et c’est pas deux balles et une énorme chute qui vont me tuer!). A mi-chemin entre le navet et le nanar, tant la nullité et le risible y cohabitent harmonieusement. Et là, voyez-vous, je réalise que j’ai rédigé ma plus longue critique à ce jour pour un film qui n’en méritait pas tant.