Huit ans après Child's Play 3, les choses ont changé. Scream ayant marqué une nouvelle approche du slasher movie allié au thriller, tous se sont mis à en reproduire le schéma. Chucky n'échappe pas à la règle. Fini la poupée qui effraye les enfants, de la même manière que le précédent, elle s'attaque maintenant aux jeunes adultes creux, inintéressant bercés de rêves et d'illusions.
Mais ce qui change du tout au tout, c'est l'évolution du genre. La saga repart sur une base nouvelle, Andy Barclay appartient désormais au passé, le changement radical en arrive même au titre qui ne contient plus Child's play. En effet, alors que la poupée de sang savait inquiéter dans le genre purement horreur et épouvante, ici, comme les nombreux films d'horreur de notre époque, il s'agit d'en faire une comédie horrifique. Le film est truffé de gags et autres humour noir qui font rire plus qu'il ne font peur, ce qui n'enlève pas le caractère violent du film, au contraire, il s'élève.
Alors que Chucky devait se dépêcher pour transférer son esprit avant de devenir humain, ici il doit simplement récupérer l'amulette présente sur son cadavre capable de lui conférer le pouvoir vaudou nécessaire à cet acte, ce qui s'oppose donc totalement aux précédents films.
Jennifer Tilly, qui interprète Tiffany, est la révélation du film. Sa prestation de nympho romantique et sanguinaire est un must tant son personnage arrive à être attachant malgré son caractère. En face, Chucky tient le choc avec son attitude joyeusement sanguinaire qui va révèlé en elle tout le panel des sentiments de la gente féminine. Le couple crée une nouvelle dynamique et doit se lancer dans un périple parcourant la majorité du film. Chucky était déjà plein de répliques aiguisées mais a désormais besoin d'un interlocuteur durable, d'où la présence de Tiffany qui amène l'intrigue et forme avec sa tendre moitié un duo comique.
Côté références, ce film n'échappe pas à la règle de la saga qui en est déjà truffé, mais ici plus que des clins d'oeil, ce sont de véritables citations qui sont déployées. A commencer par l'histoire, Bride of Chucky n'est qu'une réadaptation de The Bride of Frankenstein, Chucky étant lui-même à son image, défiguré puis recousu, les cicatrices lui donnant une figure des plus horribles (clin d'oeil à l'interprétation de DeNiro). Quand une scène montre Tiffany (toujours humaine) dans son bain, en train de regarder The Bride of Frankenstein sur une télévision, au moment ou le Monstre de Frankenstein est présenté à sa fiancée. Le film commence par une scène d'ouverture excellente où l'on peut reconnaître les slashers maîtres du genre : le gant de Freddy, le masque de hockey de Jason et celui de Michael Myers ainsi que la tronçonneuse de Leatherface. Tous sont enfermés, comme si leur existence était terminée et que seul allait subsister l'unique slasher immortel : Chucky !
Ainsi, la saga Chucky se met au goût du jour dans un teen-thriller aux allures de comédie horrifique sur fond de road-movie et une bande-son de Rob Zombie. Ce quatrième épisode déforme effectivement les règles des précédents films, se situant à mi-chemin entre reboot et suite, mais l'histoire n'a eu que moins en moins de cohérence tandis que la saga allait de l'avant, et les contradictions s'oublient vite dans ce qui doit être l'épisode le plus décomplexé et décontractant de la saga. Amusant, par le couple défaillant (une femme éprise et un goujat) qui fonctionne superbement à l'écran, qu'ils se disputent ou coopèrent, et par leurs meurtres motivés par un curieux sens moral, rendus plus innatendus et insensés pour arriver à contourner les règles et les attentes et aller droit à la surprise.