Vous savez quoi ? Avec ces deux monstres sacrés du cinéma d’action hollywoodien que sont Sylvester Stallone et Arnold Schwarzenegger, on est en droit de s’attendre à quelque chose de plus spectaculaire. Bon c’est vrai, ils sont vieillissants, et puis la prise des armes est moins aisée en prison qu’au sein d’une unité spéciale baptisée Expendables. Mais tout de même ! De la castagne et de l’épique, voilà ce qui semblait être au menu. Des baffes, il y en a. Mais de l’humour… il y avait pourtant la place si on tient compte de la rivalité qui a marqué la carrière des deux acteurs, mais aussi si on se rappelle le formidable duo qu’avait formé Sly avec Kurt Russell à l’occasion de "Tango & Cash". Seulement voilà : sans plus. Quand l’humour se manifeste, c’est pour faire chou blanc la plupart du temps. Certes il y a bien quelques trucs pince-sans-rire qui fonctionnent de temps à autres (et heureusement !) mais l’effet escompté n’est pas atteint malgré tout. C’est dommage, car cela aurait donné davantage de fun à ce film finalement tombé dans le grand classique du genre, quoique divertissant. Le pitch de départ était sympa : envoyer un gars à l’intérieur des établissement pénitentiaires dans le plus grand anonymat pour trouver les failles de sécurité, avouez que c’est intéressant ! J’ignore si le concept existe vraiment, mais on devrait en prendre de la graine. Evidemment, si on regarde ce film sans rien en savoir au préalable, on ne manquera pas d’être surpris par la révélation du vrai job de Breslin. L’idée générale du scénario aurait pu en rester là. Certes il aurait été d’une simplicité absolue, mais on a parfois d’excellents films qui reposent sur pas grand-chose. Après tout, le cadre de cette prison dernière génération offre un cadre d’action plus que satisfaisant avec son design hyper moderne… et son implantation inédite (et très inattendue !). Là aussi, on devrait en prendre de la graine, et tant pis si je m’attire les foudres des défenseurs des droits humains. N’oublions pas que dans cette prison résident les criminels de la pire espèce, et que s’ils y sont, c’est qu’ils le méritent. En attendant, ça suffisait pour intégrer un bad guy comme il s’en fait de plus en plus rarement, interprété par Jim Caviezel. Ce dernier a une gueule, et elle sert merveilleusement le rôle. Son charisme fait le reste, rendant son personnage plus inquiétant que les détenus eux-mêmes, c’est dire ! C’est même limite s’il ne vole pas la vedette à nos deux superstars. Sauf que pour ce film, il a été jugé bon de corser le tout par un complot qui trouve son origine dans une vieille histoire. Etait-ce utile ? Je n’en suis pas sûr (nous ne le saurons même jamais), mais au moins ça apporte du grain à moudre à Lester Clark (Vincent D’Onofrio), et à cette volonté farouche de sortir de cette taule chez Breslin (Stallone). Il est clair qu’on le sent très inquiet sur son avenir immédiat. En opposition à cet avantage, l’effet pervers de cette complication est que ça amène aussi quelques facilités scénaristiques, ce qui constitue le tendon d’Achille de "Evasion" : les alliances se nouent avec une étonnante facilité, surtout dans ce milieu. Et puis… ne trouvez-vous pas que Hush (50 Cent) et Agigail Ross (Amy Ryan) ont été un peu beaucoup oubliés ? Quitte à corser l’idée de départ, autant la corser jusqu’au bout ! Parce que finalement, il faut reconnaître que tout a été principalement concentré sur la paire aux gros biceps. Aussi j’ose affirmer qu’il manque bien vingt à trente minutes à ce film, pourtant déjà doté d’une longueur très honorable de presque deux heures. Cependant c’était prendre le risque de tuer davantage le mystère autour du complot (et par la même occasion beaucoup plus tôt). Quoique à la réflexion, l’identité de l’instigateur est assez vite connue… Ce qui me conforte dans ce manque de durée, c’est qu’on ne sait pas grand-chose des personnages, que ce soit Rottmayer (Schwarzenegger), le vilain Hobbes (Caviezel) ou quelques autres encore. D’accord, quand on voit la fin, la porte est ouverte sur une éventuelle suite, mais verra-t-elle le jour ? J’en doute mais sait-on jamais. Toujours est-il que Rottmayer peut s’en aller avec les mystères qu’il avait au départ, avec toutefois le rideau levé sur une petite partie de ses secrets. Mais là n’est pas l’important puisque "Evasion" est résolument tourné vers le divertissement, avec pour carotte l’opposition de deux monstres sacrés du cinéma d’action. Et pour être honnête, de ce point de vue-là, c’est assez réussi je dois dire…