Beaucoup aujourd’hui l’ignorent (surtout après la saga des Expendables, qui fournit déjà son lot de nostalgie), mais Évasion est le film que les fans attendaient depuis les années 80. Qu’une équipe de producteurs et un réalisateur décident d’unir dans un même projet les deux gros bras du cinéma d’action hollywoodien, à savoir Sylvester Stallone (Rocky, Rambo…) et Arnold Schwarzenegger (Terminator, Conan…). Les décennies se sont écoulées, sans que ce cela ne se fasse. Juste quelques références dans leurs films respectifs (Last Action Hero, Demolition Man…). Remercions donc Stallone d’être revenu avec Rocky Balboa, John Rambo mais surtout Expendables, qui a permis de redonner une nouvelle « jeunesse » aux stars de l’époque ! Et comme Schwarzy est revenu au cinéma (après son mandat de gouverneur), Évasion répond enfin à l’attente des fans ! Cela valait-il le coup d’attendre autant ?
Ray Breslin (Sylvester Stallone) est un architecte de prisons ultrasécurisées, qui teste lui-même leur efficacité en s’y faisant enfermer en tant que prisonnier et tentant de s’en échapper. Un jour, il est contacté par le FBI qui souhaite mettre en avant un concept de prison high-tech révolutionnaire. Mais une fois sur place, face à ce complexe ultra-moderne et à son directeur impitoyable qu’est Wilard Hobbes (Jim Caviezel), Ray met à jour une conspiration visant à le faire disparaître. Le seul moyen pour lui de s’enfuir : s’allier avec le détenu Emil Rottmayer (Arnold Schwarzenegger) pour pouvoir s’évader de là.
Typiquement le genre de scénario avec lequel il faut mettre son cerveau de côté. Et pour cause, le film suit une évasion, ni plus ni moins (au cas où le titre ne vous aurait pas convaincu) ! Donc ne vous attendez pas à avoir des personnages développés, une histoire qui soit crédible ou même de la romance (les femmes ayant que peu de place dans ce film). Un pur divertissement assumé, qui nous propose des péripéties incarcérales qui se laissent suivre sans déplaisir, quelques moments marrants (la scène d’interrogatoire de Rottmayer, certaines répliques) et surtout 30 dernières minutes d’action. Du spectacle hollywoodien sans prétention mais amusant, qui arrive à faire oublier son happy end indigeste et ses effets numériques assez moches (mais nous ne sommes pas là pour ça !).
Alors, où est le problème ? Il provient du casting. Non pas que les comédiens soient mauvais (à part peut-être Jim Caviezel qui en fait des tonnes et des tonnes en directeur de prison sadique) : Stallone fait du Stallone et Schwarzenegger retrouve son charisme perdu en cours de route (qui lui manquait atrocement dans Le dernier rempart). Mais plutôt du fait que le film met en avant leur duo, sans pour autant être à leur cheville. Explication : Évasion met en avant un architecte qui réfléchit, analyse, conçoit des plans et qui doit endurer dans la douleur, avec l’aide d’un compagnon du même tonneau. Quand on vous avez annoncé que Stallone et Schwarzy allait jouer ensemble, vous vous attendiez vraiment à ce que les comédiens jouent de tels rôles ? Non, nous, tout ce que l’on voulait, c’était de la baston, des fusillades, du sang, des explosions… un véritable choc des titans, quoi ! Tout le contraire d’Évasion.
Il y a bien la dernière demi-heure qui relève un peu le niveau (il faut dire que la mise en scène de Mikael Håfström – Chambre 1408, Le Rite – n’est pas vraiment énergique durant le reste du film) et également quelques répliques de « gros bras » (« Tu frappes comme un végétarien ! ») qui feront sourire les inconditionnels des deux stars. Mais de leur association, on en attendait bien plus qu’un plan d’échappatoire (d’où le titre VO Escape Plan), avec deux bodybuildés qui jouent les victimes intellectuelles et non les gars qui cognent voire fracassent tout ce qui bouge.
Pour résumé Évasion, il n’est pas un mauvais un film, étant donné qu’il remplit aisément son cahier des charges de divertissement hollywoodien. Cependant, la déception est au rendez-vous du fait qu’il ne soit pas à la hauteur de ces deux têtes d’affiche (ou que ces dernières ne soient pas faites pour un tel long-métrage). Du coup, nous nous retrouvons avec un sentiment d’incohérence, ayant en face un film aux deux univers différents et qui ne peuvent se croiser. Pour un duo formé par Stallone et Schwarzenegger, Évasion n’était pas le film idéal pour combler le fantasme des fans. Et puis, même si Scharzenegger n’apparaissait que brièvement dans les deux premiers Expendables (attendons de voir le 3), la saga avait déjà fait son boulot avant l’heure pour les ravir.