Au moment où j'écris mes impressions, à chaud, sur "Lone Ranger", je vois qu'il y a 30 "critiques" à 0,5 et 1 étoile - n'ai parcouru que les 21 les plus négatives, à 0,5 étoile, et là, "surprise", pas une qui ne soit exempte de fautes (certaines étant de vrais torchons), et pourtant l'idée générale de ces commentaires est que le film est rudimentaire, répétitif, ennuyeux, un mauvais "copié/collé" des "Pirates", en bref pas assez intello, ou quelque chose du genre. Vraiment très étonnante cette descente en flèche de la part de spectateurs aussi limités intellectuellement....
Ce qui aurait dû être un début de franchise (si les Américains avaient été plus enthousiastes), par un excellent faiseur du genre, Gore Verbinski, disposant d'un budget conséquent (250 millions de dollars), donne pour moi un spectacle très bien fait et éminemment distrayant. J'ai pour politique de toujours apprécier un film par rapport au genre auquel on peut le rattacher. Il s'agit ici bien plus d'un film d'aventures que d'un western, d'une fresque cinématographique (2 h 30, bien remplies) qui aurait son équivalent en littérature côté saga populaire (il y a eu 18 volumes d'aventures du "Ranger solitaire" publiés, de 1936 à 1956). La reconstitution est grandiose (et pointilleuse historiquement), la mise en scène très "pro", les scènes d'action impeccablement réglées, dont plusieurs "ferroviaires" époustouflantes (la plus remarquable, à embranchements, presque à la fin, en apothéose "rossinienne"). Le cahier des charges de cette épopée dans la veine des "Zorro" (avec un Indien pas comme les autres en acolyte, et un cheval blanc étourdissant, Silver, qui grimpe aux arbres et sur les toits) est parfaitement tenu, avec ses "méchants" qu'on adore détester (Butch Cavendish, incarné par un William Fichtner méconnaissable - vu notamment dans "Prison Break", entouré d'une clique de hors-la-loi sous ses ordres, aussi pittoresque que redoutable, mais aussi Latham Cole en affairiste ambigu, incarné par le Britannique Tom Wilkinson, à la riche et très diversifiée filmo), et ses "gentils" (John Reid, le juriste qui devient justicier malgré lui pour venger d'abord son frère Dan, rôle-titre assuré par "Armie" Hammer, un acteur au sang bleu à l'américaine, et "Tonto", le Comanche au corbeau, dont les intérêts convergent avec ceux de Reid, puisqu'il veut, le premier d'ailleurs, se venger des mêmes canailles que le héros - Johnny Depp incarne avec brio cet Indien, se rappelant sans doute son sang en partie cherokee, mais en forçant le trait façon Jack Sparrow sous ses peintures de guerre, et tirant sans difficultés la couverture à lui, faisant d'un personnage secondaire un héros bis). On n'oubliera pas les Indiens, calomniés et qui se battent avec panache pour défendre leurs terres, opposés à la cavalerie. Il y a même 2 figures féminines, l'épouse et mère héroïque (Rebecca, alias Ruth Wilson, la Britannique de la série anglaise "Luther"), et son contraire, "Red", la tenancière de bordel à la jambe d'ivoire (alias Helena Bonham-Carter, une autre Anglaise) - ces 2 dames étant cependant l'une et l'autre animées de la même soif de vengeance. Trois scénaristes ont adapté et développé les romans, feuilletons radiophoniques et autres séries télé pour en faire ce nouveau "Lone Ranger" pour grand écran (2 films homonymes en 1952, et 1981 - des fiascos). Je relève au générique le nom de Justin Haythe, au talent multiforme, puisque ce fut, dans un genre très différent, un des auteurs des "Noces rebelles" de Sam Mendes - ceci, au passage, à l'attention de ceux qui trouvent "Lone Ranger" mal écrit. Pour moi, ce sera "4 étoiles", car j'ai passé un très bon moment.