Film personnel et philosophique, "Wackness" suit les déboires d'un jeune dealer et son client de psy dans le New York des années 90. L'aisance avec laquelle Levine reconstitue cette période, caractérisée par la montée du hip-hop, la banalisation commerciale de la drogue et l'existentialisme, est à mettre au crédit des nombreuses qualités du film. La première chose qui fait son charme, c'est l'affirmation et la confiance du cinéaste dans sa mise en scène virtuose et en coordination complète avec le déroulement narratif ; les séquences les plus loufoques, en travellings multi-directionnels, abondent en offrant l'élargissement au décor. Les plus émouvantes, les plus humaines mais aussi les plus froides, elles, restent dans une discrétion que seule la variation des éclairages permet de faire pleinement exister. La confontration d'acteurs qui s'y rajoute, entre un Ben Kingsley délicieusement inadapté et le charme de Josh Peck, douce révélation, sont aussi l'un des moteurs rythmique d'un film plus astucieux qu'il n'y paraît. Car la drogue est un des sujets contemporains qui semble avoir été adapté sous toutes les formes au cinéma (délire pur pour "Trainspotting", information rigoureuse pour "Traffic", cri d'alarme dans "Basketball Diaries", plongée à nu dans "Requiem for a dream", pour ne citer que les plus connus), mais pourtant Jonathan Levine assume son statut d'adorateur, avec recul. On y sent du vécu, l'envie d'imprimer le rythme d'une époque chérie, d'évoquer, et assez inoffensivement, le côté 'cool' de la drogue sans tomber dans l'excessif qui faisait, par ailleurs, le charme de "The big Lebowski". Levine assume son style, son côté vaguement rebelle dans le cinéma indépendant et gentiment underground. Malheureusement, on regrette que le côté subversif soit évité comme s'il ne fallait surtout pas choquer les bonnes âmes, comme si 'Rédemption' et 'Nouvelle vie' étaient inscrits dans le marbre du cinéma américain. Le scénario, ponctué de parenthèses jamais refermées s