Le Garçon au Pyjama Rayé nous relate l'histoire d'une amitié entre deux être que tout oppose, un juif déporté dans un camp de concentration, Shmuel (Jack Scanlon), et le fils du dirigeant dudit camp, Bruno (Asa Butterfield). Mais du haut de leurs huit jeunes années, ces enfants insouciants ne se soucient pas des barbelés électriques, ni des idéaux et avis des grandes personnes ; une amitié aussi inattendue qu'inébranlable va les lier, dans cette période de guerre où leurs relations devraient être conflictuelles.
Ce film aurait pu se contenter d'être le suivant d'une longue série de films ayant pour sujet la Seconde Guerre Mondiale, mais cette fois-ci, nous sommes frappés par la naïveté, et la candeur, avec laquelle le sujet grave qu'est la guerre est amené. Le Garçon au Pyjama Rayé nous fait comprendre, rien que par son titre, que le point de vue de l'histoire sera celui d'un enfant ; l'uniforme des prisonniers étant pris pour un pyjama par l'innocent Bruno.
L'histoire en elle-même est douce, touchante, elle fait rêver et nous donne un regain d'espoir. Étant personnellement très touchée par les amitiés sincères, durables et spontanées, voire impossibles, entre deux individus masculins, comme ici, j'ai été sincèrement émue par ces deux gamins si différents et pourtant si semblables, se soutenir mutuellement l'un l'autre. Bruno avait trouvé un camarade de jeux pour tromper son ennui et son mal-être dans cette famille où il ne se sentait pas à sa place, et Shmuel un enfant de son âge prêt à lui fournir de quoi manger et se divertir, mais surtout qui se montrait sincèrement gentil avec lui, gentillesse à laquelle il n'avait plus le droit auprès des SS. C'est une histoire simple, fugace, malheureusement plus superficielle que profonde (leur amitié n'a pas le temps de durer suffisamment pour qu'on puisse les sentir prêt à tout l'un pour l'autre
, la "trahison" de Bruno à l'égard de Shmuel et la rapidité de celui-ci à le pardonner parce qu'il n'a aucun autre ami fait sentir que leur amitié n'est pas forcément si intense
). Mais c'est une histoire attendrissante, pleine de sincérité, et donc sans aucun casse-tête puisque tout paraît simple, vu que tout défile depuis les yeux d'un enfant.
Je regrette simplement que l'amitié des deux personnages principaux n'est pas davantage été mise en avant, elle ne m'a parue réellement forte qu'à certains passages
(la partie de jeu de dames, l'échange de vêtements et la scène de fin, où tous deux se serrent la main pour se donner du courage l'un à l'autre)
. Quelques incohérences ont été également dérangeantes de mon point de vue, comme le fait qu'un enfant aussi jeune que Shmuel se retrouve seul dans un camp de concentration avec des adultes (n'étaient-ils pas gazé dès leur déportation, jugés inaptes à fournir des travaux ?)
ou que creuser un tunnel pour s'infiltrer dans le camp (permettant ainsi à tout détenu d'en sortir !) soit accessible à un gamin de huit ans...
Je doute que les camps étaient si peu surveillés, au point de laisser des détenus discuter avec quiconque passait dans les environs.
Du côté des acteurs, Asa Butterflied possédait cette apparence juvénile à la fois frappante et touchante au moment où le film fut tourné, un regard crédule et franc, parfois plein d'incompréhension face aux actions des Allemands à l'égard des Juifs, le rendant aussi attendrissant que crédible. Jack Scanlon, quant à lui, avec ses yeux sombres et tristes, mais ses expressions saisissantes, son crâne rasé et sa mauvaise mine, le visage couvert de crasse, nous frappe en plein coeur ; comment peut-on faire subir de telles choses à un enfant ? Les autres acteurs sont tout aussi excellents dans leur rôle, je pense particulièrement à Vera Farmiga (Elsa), terriblement émouvante dans le rôle d'une mère attentionnée, aimante, mais aussi inquiète et en rébellion avec le rôle de son mari dans la guerre, en cette époque où les femmes n'avaient guère leur mot à dire, ainsi qu'à Rupert Friend (lieutenant Kotler), personnage ambigu, envers qui nous pouvons ressentir tour à tour de la haine, de la colère, puis une certaine forme d'empathie. Je n'ai, en revanche, pas été convaincue par Amber Beattie (Gretel), bien que son personnage soit très intéressant, ni par David Thewlis (Ralf), mais je dois admettre pour celui-ci qu'il m'a été difficile de le découvrir hors du rôle par lequel je l'ai connu, celui de Lupin dans la série Harry Potter ; le voir passer du rôle d'allié à celui "d'antagoniste" m'a déstabilisée, ainsi que sa VF différente à celle à laquelle j'ai été habituée.
Un film très beau, un excellent casting, des musiques agréables et des plans sympathiques, que je conseille à tous, principalement à ceux souhaitant visualiser une histoire simple sans chercher une exactitude historique ni une grande crédibilité, mais une histoire vue avec une âme d'enfant, émouvante, parfois brutale moralement, avec une fin difficile mais lourde de sens.