Un film superbe, teinté d'énormément d'humour et servi par des acteurs de qualité. En 40 ans, il est impressionnant de voir à quel point le film n'a pas pris une seule ride. J'ai donc été agréablement surpris par ce Little Big Man qui figure certainement parmi les meilleurs westerns du 7e art (c'est en tout cas ce que j'ai lu, car mon expérience dans le genre est très faible, mais je ne peine pas à le croire). Arthur Penn s'est inspiré d'un livre de Thomas Berger et c'est Calder Willingham qui était aux commandes du scénario. Little Big Man est dans une vague de "nouveau western" qu'il est pratiquement le premier à avoir lancé, car il nous montre les Indiens sous un beau jour, contrairement aux westerns avec John Wayne, un peu moins réfléchis et mettant en scène de méchants sauvages. En ce sens, Little Big Man a eu quelques difficultés à sortir puisque même si le scénario était prêt au début des années 60, le film a mis 6 ans à se concrétiser, en partie à cause de ça. Depuis, il est assez fréquent de voir des films du point de vue des Indiens, comme bien sûr le touchant et presque parfait Danse avec les Loups de Kevin Costner en 1991. Un film intéressant donc, puisque dans Little Big Man, la comparaison entre le mode américain (la technologie, les moeurs) et celui des Indiens est très présente. On nous expose ici un mode de vie indien fondé sur le respect, que ce soit des animaux, de la terre, de son propre clan, comme de ses ennemis. Une vie en communauté bien différente de celle qu'on connaît, où l'homosexualité est totalement acceptée, sans aucun problème, et la sexualité n'est pas taboue. Dans cette civilisation, toute chose est respectée, pour ces indiens tout est vivant : les animaux, les pierres, la terre, les "Etres Humains". Ceci est opposé au monde des "visages pâles", ici bien caricaturé et subliment démonté par Arthur Penn qui fait preuve de beaucoup de cynisme. L'Homme Blanc n'est plus vu comme l'homme courageux mais comme un lâche, n'hésitant pas à massacrer les indiens avec des armes à feux et à en tirer de la fierté. Dans ce film, les deux civilisations sont présentées comme relativement racistes l'une envers l'autre, sauf que les indiens gardent un certain respect contrairement aux américains qui se contentent de les traiter de sauvages barbares à exterminer. Arthur Penn détruit l'image du super cowboy en le rendant plutôt peureux (par l'intermédiaire de Hickok (première photo de l'article), ce vieux cow-boy totalement angoissé à l'idée de se faire tirer dessus). De même, le cinéaste se permet avec classe de faire du général Custer un fou, ridicule et finalement bien plus "sauvage" que ceux qu'il qualifie comme tel. Et puis bien sûr, le film est extraordinaire dans son scénario. L'évolution du personnage est passionnante, celui-ci passant successivement d'un camp à l'autre sans jamais se ranger dans l'un ou l'autre, définitivement partagé entre deux cultures dont il fait entièrement partie. Cependant, Jack se rend compte aisément qu'il est bien plus proche de sa tribu d'adoption que du monde de l'Homme Blanc contre qui il combattra tout le long, mais continuant de jouer un double jeu avec le général Custer. On remarque également que le personnage passe par des hauts et des bas, et que c'est systématiquement dans le monde "civilisé" qu'il atteint le fond du fond, devant complètement ivrogne mais aussi ermite. Les plus sombres moments de son existence se trouvent dans ce monde tandis qu'il se sent parfaitement chez lui avec les indiens. On peut bien sûr s'interroger sur la véracité des faits concernant la bataille de Litlle Big Horn, la réalité n'étant peut-être pas respectée entièrement. Mais la démarche est intéressante et un parallèle a d'ailleurs été fait entre la sortie du film et la guerre du Vietnam qui a eu lieu à la même époque. Je n'ai pas assez de place pour finir ma critique, je vous laisse continuer ici : http://sebmagic.over-blog.com/article-little-big-man-d-arthur-penn-avec-dustin-hoffman-65528441.html