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soniadidierkmurgia
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4,0
Publiée le 8 mars 2015
Au sein de la filmographie foisonnante de Robert Altman se distingue une trilogie ("That cold day in the park" , "Images", "Trois femmes") où le réalisateur s'immisce à travers des films étranges au parfum onirique parfois dérangeant dans la psyché de jeunes femmes en proie à d'insurmontables frustrations sexuelles. "Images" placé entre deux succès d'Altman ("John McCabe" et le Privé") dresse le portrait de Cathryn écrivaine de contes pour enfants qui sombre dans la schizophrénie. Altman avait déjà abordé le sujet dans "That cold day in the park" en 1969, il le recycle ici en confrontant directement le spectateur aux angoisses assaillant Cathryn qui entame le douloureux chemin qui la mènera à la totale perte de son identité non sans avoir lutté en soldat courageux tentant de faire l'impossible tri entre ses souvenirs, ses fantasmes et une réalité qui peu à peu s'évapore. Comme il avait tiré le meilleur parti de la troublante et trop rare Sandy Dennis dans "That cold day in the park", Altman offre un espace complètement ouvert au jeu tout à la fois primesautier et désespéré de Susannah York justement récompensée pour sa prestation par un Prix d'interprétation à Cannes en 1972. Toujours aussi retors et opportuniste, Altman épaulé par John Williams à la musique et Vilmos Zsigmond à la photographie utilise tous les ressorts dramatiques de films démoniaques comme "Rosemary's baby" ou "Psychose" sans jamais les mener à leur terme, nous laissant parfois sur notre faim mais sachant aussitôt nous reprendre par la main avec une nouvelle pièce ajoutée à un puzzle narratif qui se met doucement en place. Susannah York elle-même écrivait des livres pour enfant et Altman s'est inspiré d'un de ses écrits (Search of unicorns) pour la voix off de Cathryn qui scande le récit. Pour ajouter à la confusion mentale de son héroïne, Altman a choisi d'entremêler les prénoms de ses personnages avec ceux des acteurs. Volontairement immersif le film n'est sans doute pas facilement accessible à ceux qui aiment qu'on les mène de manière intangible d'un point à un autre (c'est rarement le cas avec Altman), mais il offre sans aucun doute un des portraits cinématographiques les plus glaçants mais aussi les plus fidèles et les plus touchants d'une personnalité en voie de désintégration. Il faut saleur la démarche des éditeurs français (ici M6 Vidéo) qui permettent de découvrir le patrimoine foisonnant d'un cinéma américain des années 1970 souvent vanté mais pas si facile d'accès pour le spectateur d'aujourd'hui.
Après une ouverture angoissante, on voit vite de quoi il retourne réellement, malgré tout quelques moments de suspens demeurent, et le résultat est un thriller psychologique intéressant où on suit la détresse d'une femme qui voit son univers basculer, tout en se voyant avec lucidité sombrer.