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inspecteur morvandieu
33 abonnés
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2,5
Publiée le 7 octobre 2024
C'est du nanar et du bon! Emile Couzinet a écrit et réalisé un comédie improbable sur un sujet au demeurant toujours d'actualité: l'acrimonie des belles-mères...Mais le cinéaste va plus loin encore. Non contentes de mettre au pas leurs gendres, jugés fainéants et irrespectueux, les belles-mères menées par Jeanne Fusier-Gir ont aussi des revendications féministes et compte renverser le conseil municipal de Courtebise aux prochaines élections! Si le film n'est pas aussi mauvais qu'on pourrait le penser, c'est parce qu'il y passe, me semble-t-il, moins de puérilité et de sottise que de dérision. La farce de Couzinet ne dispense pas de dialogues crétins ou de mauvais calembours, et même les quelques élémentaires chansons entonnées en choeur dans les deux camps entretiennent une joyeuse et décomplexée bonne humeur. Evidemment, le sujet n'atteint pas les sommets et c'est une façon de rire d'un autre âge. L'impertinence, qu'elle vienne des dames ou des messieurs, demeure cependant sous la bouffonnerie, notamment quand cette façon de Clochemerle menace de finir en pugilat, suivant que les belles-mères et mégères spoiler: apprennent le judo!
On peut trouver Le Congrès des belles-mères rangé parmi les « Nanars du terroir » dans le second volume Nanarland et sur le site internet de même nom. Or classer ainsi le film d’Émile Couzinet est une erreur vraiment grossière car le discrédit jeté sur le long-métrage étouffe toute considération un tant soit peu sérieuse qu’un critique pourrait tenir à son égard. Ici pas de grand cinéma, certes. Mais une lutte des sexes assez jubilatoire qui témoigne des revendications féministes inscrites dans la ruralité et avant les évènements des années 60. Ce qui fonctionne véritablement dans Le Congrès des belles-mères, c’est l’écriture des répliques qui parvient à maintenir un rythme soutenu en dépit de quelques baisses de régime : on se croirait au théâtre de boulevard, mais où la scène aurait cédé sa place au village. Alors oui certains fils du scénario sont convenus ou malvenus – l’enlèvement, par exemple, ne convainc guère – mais n’atteignent que peu le plaisir de visionnage d’une œuvre populaire où tout le monde chante à tue-tête pour asseoir sa condition. Le film capte très bien les dynamiques de solidarité au sein de l’espace villageois, et sonne aujourd’hui comme le conservatoire d’une France surannée et disparue, ou sur le point de disparaître. Redécouvrons Le Congrès des belles-mères sans interposer ce jugement de valeur préconçu et moqueur qui se plaît à condamner terroir et solidarités populaires à l’heure de l’individualisme urbain et triomphant.