Avis sur Le Lac des femmes

"Le Lac des Femmes" pourrait être la réponse à "La Femme des sables de Teshigahara": ici tout est inversé dans le portrait de cette Emma Bovary nippone, classe bourgeoise, liberté de mouvements, considérations détachées du seul sens pratique, gaspillage de l'eau... Pour l'occasion Yoshida provoque la censure avec ces longs plans sur les baisers des amants. On notera la référence aux "romans-pornos" japonais au travers d'une subtile mise en abîme d'une scène de tournage, sans oublier la magnifique photographie noir et blanc sur les matières qui rappellent le sable chez Teshigahara. Un peu long tout de même.

Yoshishige Yoshida sous très forte influence antonionienne avec cette adaptation d'un roman de Yasunari Kawabata, Prix Nobel de littérature 1968... Même si je me suis ennuyé devant "Eros Massacre" du même réalisateur, ce n'est pas le nom de Yoshishige Yoshida qui me dérange ici ; en plus j'ai adoré "Histoire écrite sur l'eau"... Ce n'est ni non plus évidemment Yasunari Kawabata, même si je considère volontiers que l'obtention du Prix Nobel de littérature aurait été plus justifié niveau écrivain japonais pour Jun'ichiro Tanizaki, Natsume Soseki, Ryunosuke Akutagawa ou encore Yukio Mishima... Ce qui me dérange en fait c'est "très forte influence antonionienne"...
Pour beaucoup de cinéphiles, Antonioni est synonyme de grand cinéma, pour moi c'est synonyme d'ennui et de vacuité. Et on s'ennuie devant cette vacuité, devant quelques scènes franchement interminables et inutiles à l'instar de celle du tournage sur la plage.
Mais gros point positif, Yoshida est un sacré grand technicien et donc techniquement le film est superbe ainsi que très audacieux. Et puis, l'image de l'actrice principale du film (et accessoirement épouse dans la vraie vie du cinéaste !!!) Mariko Okada errante dans les rues, une robe noire, des lunettes de soleil, un foulard blanc parsemé de motifs floraux sur la tête, rarement un réalisateur aura autant magnifié une comédienne que Yoshida dans ces scènes.
Une image sublime qui reste à jamais gravée dans notre mémoire vaut bien peut-être 100 minutes d'ennui et de vide.

Techniquement, le film est superbe, dans un noir et blanc très stylisé. Un peu étrange dans la réalisation, il réserve quelques passages étonnants, mais échoue à convaincre pleinement, peut-être justement à cause de son côté trop stylisé, qui nous fait parfois un peu perdre de vue l'intrigue principale.