Nicolas W. Refn, ce nom scandinave exécrable à la prononciation, n'évoquait jusque là au cinéphile insatiable et éclectique que je suis, que la trilogie époustouflante des films Pusher. Sorte de plongé ultra réaliste dans le quotidien de malfrats enlisés dans le monde du traffic de narcotique caractérisant les milieux mafieux implantés à Copenhague. Du grand art, une série de film coup de poing dont je pourrais gratifié tous lecteurs occasionnels de ce commentaire, d'une dithyrambiques critiques que je me garderais cependant d'écrire ici, à l'endroit même où il m'est demandé de parler de cet opus du cinéaste danois, pour l'occasion expatrié aux USA.
Drive, en gros, c'est l'histoire d'un gars qui n'a pas de nom, sombrement, sobrement campé par l'excellent Ryan Gosling. Cascadeur sur des films hollywoodiens le jour, conducteur de cambrioleurs la nuit - des extras très lucratifs j'imagine - notre héros est un homme silencieux, réservé, ténébreux, calme qui va faire la rencontre de sa voisine et de son fils, vivant tous deux tant bien que mal l'incarcération du mari et père de famille tombé pour on ne sait trop quoi. Les choses s'en vont aindi que les voisins commenceront à tisser des liens jusqu'à ce que Mr Le Voyou chicanos sortent de taule et reconquiert son territoire. L'Homme-à-la-jacquette-avec-un-scorpion doré -dans-le-dos (puisqu'il faut bien lui trouver un nom) se retire donc après avoir servi de bouche trou, respectant ainsi l'autorité retrouvée du padre. Il reprend sa petite vie de chauffeur garagiste jusqu'à ce que le passé de son "rival amoureux" refasse surface et déteigne dangereusement sur l sa famille innocente. En effet, il se trouve que l'ex taulard doit du fric à des gars louches et que ces derniers sont prêts à faire tout ce qu'il y a de plus sordides et abjects ( à savoir tuer son gosse) pour remettre la main sur leur dû. Selon quoi, ils lui proposent un deal: réaliser une transaction pour eux et ils seront quitte. Le bonhomme accepte et demande l'aide du Driver (ce nom est plus simple). Celui ci accepte mais lors de la transaction, le père de famille s fait flinguer et il se retrouve dans la merde parce qu'il n'a plus de quoi les payer. Sachant son amie voisine veuve et son fils orphelin en danger de mort, Driver décide de faire le nécessaire pour neutraliser ceux qui menacent leur vie. Le film commence là. Bon. Drive est un film magistralement mis en scène, superbement filmé, qui a mérité son prix de la mise en scène à Cannes et qui aurait dû au moins être nominé aux oscars. Refn a su imposer un style et une patte visuelle à travers ce film qui en fait sa marque de fabrique et qui confère à l’œuvre une atmosphère particulière à la fois sombre et illuminées de couleurs kitsch par son emprunt notamment via la B.O d'élément cinématographique propre au cinéma ricains et à la culture pop des années 70 - 80. La bande son y est excellente, Ryan Gosling est charismatique, Carrey Muligan est plus en retrait mais toujours magnifique, seul le scénario, un brin trop classique, semble souffrir de quelques faiblesses. La tare y est tellement insignifiante en comparaison des qualités esthétiques du film qu'on en vient vite à l'oublier. Pour peu que l'on soit familiarisé ou suffisamment ouvert à la manière très européenne qu'à Refn de faire un film d'action. Car le cinéste prend son temps, pose des élément sans s'empresser et les quelques scènes d'actions jalonnant la pellicule, à défaut d' être extraordinairement longue et explosive, sont au moins brèves, violentes et mémorables. Les scènes de course poursuite en général et la scène de l’ascenseur en particulier me viennent évidemment à l'esprit. Un Drive que je conseil donc à toutes personnes souhaitant regarder un film d'action sortant, par sa forme, des sentiers battus et aux fans même de la première heure, de N.W.Refn ou du superbe Ryan Gosling.