Déçu . . . J'ai eu l'impression de voir un film de commande réalisé sans passion ni implication, Clint Eastwood semble suivre un cahier des charges imposés : le thème identitaire en prenant tous les clichés dispo avec
le vieux bougon patriote et raciste qui grogne plus qu'il ne parle quand il n'envoie pas des blagues grasses, aux origines polonaises, qui a dézingué du coréen dans les 50s et qui en est ressorti abîmé, bon travailleur moyen dans une entreprise nationale, fier de son auto (US au nom italien) n'ayant pas de liens proches avec ses enfants, petits enfants et qui perd sa femme; un quartier pauvre déserté par les "vrais" américains remplacés par les déclassés de la société, les migrants (mexicains, afro-américains, asiatiques) avec une tension criminelle en hausse; les vrais potes américains d'origine italienne, irlandaise (européenne, chrétienne), la compassion du jeune curé catho qui rassure les vieilles ménagères; une amitié improbable entre 2 êtres qui "s'opposent" avec le parrainage par la transmission des valeurs travail, amitié, respect, camaraderie, intégration; de la mièvrerie dégoulinante; du dézinguage de personnages cultes joués par CE (c'est "Inspecteur Harry chez les curés et les migrants"); la découverte qu'on est tous des étrangers les uns pour les autres quelque soit nos origines, passés, vies, anciennetés (la scène caricaturale chez le doc ou on finit l'expo des minorités visibles avec l'hindou, la musulmane voilée, la doc chinoise . . . ) pour bien appuyer sur le fait qu'ils sont autant américains que lui le polack et qu'ils sont intégrés par le travail et le respect de cette patrie qui les a accueillis comme tous dans cette terre d'immigration
. L'idée est louable et nécessaire à répéter, mais quand c'est mal fait, scénario minimaliste cousu de fil blanc et sans passion, on fini par s'ennuyer. Scènes obligées (
confrontation avec le gang black, apprentissage du jeune et sa prise d'assurance . . .
) de manière maladroite, montage moyen, pas de création d'empathie malgré parfois une sympathie pour certains personnages (la jeune fille Hmong est la mieux impliquée dans le processus de l'histoire) des scènes oubliées (pour marquer l'évolution interne du vieux bougon, pour faire ressortir sa fragilité psychologique et son report d'affection paternelle et protectrice) c'est envoyé au hachoir, ou des scènes attendues qui ne viennent pas (le jeune couple dans la Gran Torino braqué par le gang, ce serait plus logique dans le déroulement de cette histoire !) Dommage. Ca semblait presque un film testamentaire, heureusement CE est toujours là et nous a délivré des films bien meilleurs dans cette même acception de valeurs travail, respect, communion patriotique, liberté de penser...