Je ne connais pas bien Sagan, ni l'oeuvre ni la vie, mais je suis fan de Sylvie TESTUD. Alors j'ai couru voir ce film, et je n'ai pas regretté. C'est la vie de Sagan, ses livres un peu, son rapport à l'argent beaucoup, ses amours saphiques à la folie. Mais c'est surtout l'image de la femme "bourgeoise" de la seconde partie du 20ème siècle qu'il est intéressant d'observer: comment devenir une femme quand on ne vous traite que comme un "adorable petit monstre" depuis l'enfance? Finalement Françoise Sagan ne l'a jamais su: elle est restée toute sa vie le reflet d'une jeune fille pétillante sinon belle, pertinente sinon intelligente, piquante sinon drôle. Quand elle dit à son père qu'elle va recevoir 500 millions pour son second roman, son père lui réponds "à ton âge, quand on est raisonnable, on dépense tout! Amuse-toi ma chérie!" Gentille fille qui a obéi à son papa. Sagan a passé sa vie a cherché un main à tenir, et toute sa vie se résume à la phrase qu'elle dit à la mort de son plus bel amour: " mais qui va dormir avec moi maintenant?". A ne pas avoir su être femme, elle n'a pas su être mère, mais même son fils a pour elle à la fin du film la bienveillance des adultes, même lui.
C'est aussi un regard sur l'artiste, et la difficulté de vivre à côté d'un artiste. On aime, on admire cette nature inquiète, obsédée, égoïste, fragile, on sent que le chemin ne peut que tomber du côté du malheur et de l'isolement, mais on n'ose en changer la direction, car ce serait justement changer l'artiste, en faire un être équilibré, administré, un comptable, un artisan, un être d'une nature si commune qu'elle en est haïssable. Mais cela voue les proches à assister à l'agonie lente et magnifique d'un être follement aimé dans le doute, la dépendance aux drogues, à l'alcool, aux flatteries. Et cela vous emporte aussi un peu dans cette descente, par amour, par admiration à moins que votre instinct terrien de survie ne vous éloigne vers la vie.