Regarder Barry Lyndon, c’est un peu contempler le monde qui nous entoure.
Au-delà de l’aspect historique du sujet, le film concentre une telle somme de thèmes, qui pourraient être adapté sur des films actuels. Arrivisme, ambition, quête exacerbée de l’ascension et de la dignité sociale, romance, pouvoir, et argent sont ultra récurrents dans l’œuvre de Kubrick. L’Homme n’existe que par son rang social dans la société qui est la nôtre.
Pourtant en postulat de départ, Barry apparaît comme un jeune homme remplit de tendresse, de courage, de valeurs et de naïveté sur les choses de la vie. Au fur et à mesure du récit il se transforme, parfois par concours de circonstances, parfois par souhait délibéré, en un être habité par l’arrivisme et l’opportunisme et ayant perdu tout amour propre. Tel un Candide, il enchaîne les péripéties au gré du vent (première partie souvent même ponctuée de touches humouristiques) puis par la suite adopte une toute autre attitude pour gravir les échelons de la bourgeoisie de l’époque (Deuxième partie nettement plus dramatique). C’est un homme qui n’a rien et qui veut tout avoir : La reconnaissance, la richesse, les femmes, la famille et le pouvoir. Il veut appartenir à un monde, à une société qui ne veut pas de lui.
et qui le rejettera au final.
Le film brille par de nombreux aspects. En premier lieu certainement la plus connu, la photographie impeccable notamment dans les séquences interieures nocturnes entièrement éclairées à la lumière naturelle de la bougie (prouesse technique incroyable), chose qui relate parfaitement une image historique à la fois classieuse, et romanesque. Le deuxième bien évidemment propre au réalisateur, les images sublimes qui se succèdent les unes après les autres que ce soit au détour d’un paysage, d’une rencontre amoureuse ou bien évidemment d’un duel au pistolet crépusculaire. Le tout catalysée par une musique placée au centre de l’intrigue, renforçant le caractère à la fois dramatique ou romanesque de la situation.
Au-delà d’une fresque historique, Barry Lyndon est un regard sur notre société actuelle rongé par la cupidité, qui sait accueillir en son sein les personnes qui la font prospérer, et rejeter celles qui en deviennent superflues.