Mon rapport au cinéma s'est construit en grande partie grâce aux œuvres de Kubrick, il est le premier réalisateur sur lequel je me suis penché lorsque je n'étais encore qu'un adolescent rêvant de caméras et de scénarios. Si ce maître incontesté du septième art séduit avec ses films, il n'en reste pas moins que "Barry Lyndon" est celui m'aillant le plus touché et, dont après une vingtaine de visionnage, je ne cesse de me lasser. Au premier abord, le film peut très vite être catégorisé comme "chiant" notamment par sa longueur de plus de 3 heures (il faut clairement prévoir un après-midi pour le visionner) mais aussi parce qu'il n'est pas axé sur le dynamisme ou sur une volonté de réveiller l'adrénaline du spectateur avec des scènes d'action folles. "Barry Lyndon" est un film qui s'apprécie pour sa lenteur à la fois dans l'histoire mais aussi dans les plans de caméra notamment avec l'utilisation du zoom que l' on peut remarquer sur de nombreuses scènes. Certes tout est lent mais tout est bien ! Les enjeux du personnage évoluent durant tout le film :
vie paisible d'un irlandais lambda, volonté de se marier avec sa cousine, duel avec son autre prétendant fortuné, fuite à Dublin, passage à l'armée britannique, désertion, passage à l'armée prussienne, s'échapper de l'armée par le biais d'un acolyte espion, nouvelle vie de croupier, rencontre avec Lady Lyndon, mariage, naissance d'une querelle avec le fils de sa femme, naissance d'un fils puis sa mort, dégringolade financière et mentale pour finir avec un duel mémorable et un retour au point de départ avec une jambe en moins
. Afin de classifier ces enjeux, Kubrick a décidé de forger son film en deux grandes parties se caractérisant, en premier lieu, avec la montée en puissance de Barry Lyndon dans les plus hautes sphères de la société, tout en finissant avec la volonté de montrer sa chute. J'aime profondément ce film, tout y est beau et l'histoire est tellement passionnante. On voue, au départ, une grande sympathie pour ce pauvre homme de campagne qui découvre la vie à la fois militaire, urbaine et aisée sans jamais se laisser abattre et luttant pour se forger une place, un nom. Seulement, dès son ascension terminée, notre rapport au personnage change : on ne le reconnaît plus, notre vision change de manière drastique et l'on se sent dès lors bien plus proche de Lady Lyndon que de cet homme méconnaissable. "Barry Lyndon" est un grand film qui s'apprécie dès les premières minutes notamment grâce à la Sarabande d'Haendel, musique inoubliable qui se mélange parfaitement avec l'ambiance dégagé par ce film. Mais aussi par le deuxième mouvement du trio n°2 de Schubert qui clôt l'ensemble dans une scène magistrale. En clair, "Barry Lyndon" est un film inoubliable dressant la quête d'un homme pour le pouvoir qui ne l'atteindra que quelques temps pour mieux chuter.