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arnaud1972
36 abonnés
102 critiques
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4,0
Publiée le 13 août 2009
film élégiaque aux silences envoûtants qui nous plonge au coeur de la désolation humaine, celle physique des habitants d'un village reclu d'argentine et celle métaphysique d'un marin solitaire qui veut retrouver les siens. Très beau
La première fois que j'ai entendu parler de Lisandro Alonso, c'était en 2001, à Cannes, après que certains cobayes aient été voir son premier film, "la libertad". J'ai donc entendu parler d'un film où, pendant plus d'une heure, on voit un bûcheron à l'oeuvre dans une forêt. Passionnant, me suis-je dit, et je ne suis pas allé le voir. Par contre, 3 ans après, est sorti "Los Muertos" que je suis allé voir et que j'ai beaucoup aimé. Scénario très simple, mais une atmosphère exceptionnellement rendue. Et en 2008, la Quinzaine des Réalisateurs nous a proposé "Liverpool". Pas question de le louper ! Là aussi, on peut dire que le scénario tient sur un timbre-poste. Ici, il s'agit d'un marin originaire du sud de la Patagonie, en Argentine, et dont le bateau fait relâche à Ushuaia. Ayant obtenu de son capitaine l'autorisation de quitter le bateau pendant 48 heures, il en profite pour aller voir sa mère qui habite dans un hameau assez proche et qu'il n'a pas vue depuis 17 ans. 45 minutes de ce film se seront déjà écoulées lorsqu'il atteindra ce hameau dans la neige : mieux vaut le savoir ! Comme il faut savoir que le film va d'un long plan-séquence à un autre long plan-séquence. Par conséquent, si vous aimez les scénarios compliqués, il vaut mieux passer votre chemin. Par contre, si vous aimez vous laisser entrainer par une atmosphère qui fait naître une grande tension malgré l'absence d'événements-choc, si vous vous sentez aptes à observer des détails qui peuvent paraître insignifiants mais qui prennent tout leur sens un peu plus tard, alors vous pouvez vous diriger vers "Liverpool". S'il fallait vraiment trouver un réalisateur avec lequel on puisse comparer Lisandro Alonso, j'oserais suggérer Bruno Dumont. A vous de voir !
Alonso ne simule pas le documentaire : il fait tout ce que le genre ne montrerait pas. De cinématographique, il ne garde que le montage, & encore, seulement les coupures ; au sein d’un même plan, le temps ne doit pas être distordu & c’est bien ce qui rend Liverpool insupportable. S’il n’y a pas de film désagréable dans l’absolu, celui-ci fait de son mieux pour démontrer le contraire.
En revanche, le réalisateur a du génie quand il s’agit de faire ressentir non pas les sentiments du personnage, mais ceux de la scène : l’ambiance frise l’émotion pure & simple, comme une humanisation profonde de l’image. L’Homme dans son cadre est presque inanimé, passager apathique de son voyage immobile.
Apparemment faite d’air, d’inaction & de silences, l’œuvre devient furieusement analysable, intriquée & ouverte, essentiellement parce qu’elle ose faire une scène de six minutes d’un homme qui emballe ses affaires, ou qui mange, ou qui marche. Les mystères bêtement humains, à peine effleurés dont nous parle le film, resteront inaccessibles à tous les autres artistes comme au spectateur qui s’ennuie. Encore une fois, le réalisateur rend la critique complètement caduque, car il est en-dehors de tous les mondes de l’opinion légitime.
Le sujet se prête moins à ce traitement particulier que son Los Muertos, mais Alonso sait ce qu’il veut faire & le fait à fond. Destructeur d’exotisme, il donne à ses lieux des palettes de notions inconnues qui arrivent à mettre Ushuaia & l’Amazonie dans le même panier, comme s’il nous transformait en citoyen du monde sans culture, ni langue, ni clichés. Davantage donner de sens à un porte-clé “Liverpool” dans les mains d’une femme simple d’esprit dans la région d’Ushaia, c’est impensable. Mieux démont(r)er l’occidentalocentrisme, c’est impossible. Et inimaginable en documentaire. Qui aurait cru que c’est le cinéma qui se passerait le mieux d’être orienté pour faire voir l’autre bout du monde ?
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18 103 critiques
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1,5
Publiée le 6 avril 2021
Ce film a environ cinq minutes de matériel et même cela est inintéressant. La solitude, la morosité, l'aliénation, l'alcoolisme tout a déjà été fait et vu mille fois mieux que ça. Il y a des scènes interminables au contenu minimal, il n'y a pratiquement aucun dialogue, il y a des personnages opaques tout cela s'ajoute à une histoire qui peut être regardé à triple vitesse sans aucune perte parce que malgré les affirmations selon lesquelles il s'agit d'un chef-d'œuvre sombre ce n'ai pas le cas. Combien de fois devrons-nous regarder cet homme se frayer un chemin dans la neige mettre son manteau, l'enlever et manger un repas. Avant de regarder ce film allez voir le béton devant chez vous se corroder et après un an ou deux ce film vous plaira peut-être...
Au cinéma , l'austérité est un style exigeant...Mais là , plus austère tu meurs!..au moins de sommeil. A la limite de l'hermétisme. Une étoile pour avoir entrevu la Terre de Feu , ce qui n'est pas si courant au cinéma...
Ce film a des qualités certaines, à commencer par une beau travail photographique et une cohérence thématique et esthétique. Mais ce minimalisme naturaliste a ses limites, surtout trois décennies après Duras, Akerman ou Wenders : plans séquences étirés à n'en plus finir, quête existentielle sous forme de road movie, absence d'enjeu dramatique réel. Plus rien n'est ici novateur. Le plus pénible est surtout cette impression de conformisme "festivalièrement correct", qui cherche à s'attirer les bonnes grâces des apôtres du dogme de Bazin, tout en affichant une condescendance manifeste envers le public.
La Terre de feu est enneigée. C'est beau. Parfois, des lapins gris viennent courir sur cette immensité immaculée. Ce sont les moments les plus palpitants de Liverpool, le film de l'argentin Lisandro Alonso, d'où tout ressort dramatique est exclu. Les plans fixes se succèdent. Un marin, descendu à terre, marche, mange, dort, échange quelques paroles anodines (le film n'est pas muet !), puis boit quelques gouttes d'alcool parce qu'il fait froid, l'hiver, quelque part dans ce bout du monde. Ce n'est un film contemplatif, puisqu'il y a peu à voir, et à comprendre, sans doute, si ce n'est l'absolu solitude de ce matelot mystérieux. 85 minutes sans chaleur, sans émotion. Au mieux, l'ennui vous gagne ; au pire, le désintérêt. Ou alors une certaine fascination. Le vide, c'est vertigineux, non ?
Film intéressant, car tourné uniquement en plan fixe et large, une écriture différente. Pas désagréable, sauf quand on lit les "secrets de tournage" sur le site d'Allociné. Alors là on a l'impression que le réalisateur est passé complètement à côté de ce qu'il voulait faire... Et ce qu'on prenait pour un film honnête et décalé ne serait sans doute que le propos raté d'un intello de plus. A vous de voir.