On finit par ne plus savoir comment distinguer le bon, et le mauvais cinéma mexicain ; ce dernier semble scindé, aujourd'hui, en deux parties. La première serait celle, poétique et ennivrante, du jeune cinéma d'auteur contemplatif, dont Carlos Reygadas semble être le talentueux initiateur. L'autre, un cinéma excessivement radical, au fort potentiel social, plombé par un refus de récit et de rythme qui vire à la vacuité. Du cinéma pour les festivals internationaux, en somme. "Los Bastardos" , deuxième long-métrage d'un autre jeune (révélé avec le polémique "Sangre"), fait clairement partie de cette seconde partie du cinéma contemporain mexicain. L'ancrage dans le social, ici, rélève du discours moralisateur lourdaud et inefficace : le cinéaste tend à démontrer comment, par l'oubli des immigrés aux Etats-Unis, ceux-ci atteignent, pour l'argent, pour la survie, le stade criminel. Tout d'abord, le film montre l'attente d'un groupe d'immigrés au bord d'une route où quelques habitués viennent recruter au noir pour un chantier, de la maçonnerie ou autres. Ensuite, et la rupture est inexplicablement abrupte, la caméra suit la mission tout d'un coup meurtrière de deux de ces immigrés. La temporalité repose sur le principe de 24h, et le film de tenir sur quatre situations étendues au maximum. Les plans n'en finissent pas de se figer pour ne rien dire, et le rythme minimaliste de l'arrière-fond (sonore, ou infime mouvement) ne guide jamais où chacun de ses plans va nous mener. Chaque scène durant une vingtaine de minute où rien ne se passe, l'ennui règne. Et puis "Los Bastardos" se concentre soudainement sur une mère de famille qui ne comprend plus son adolescent de fils. Les deux tueurs arrivent, s'attachent à la femme, au point qu'on ne pense plus qu'ils aient l'intention de la tuer. Un long cunnilingus purement provocateur vient remplir la case 'Sexe' du film. Car c'est bien entendu, la violence physique ne suffit pas à choquer. On attend que les tueurs repartent, mais ains