Bon, j'ai du passé à côté la première fois, car là, après un second visionnage, je trouve ça purement et simplement génial.
Pakula réalise un thriller politique hautement paranoïaque, en s'inspirant de l'assassinat de Kennedy, mais sans en montrer ouvertement le rapprochement entre son film et le fait historique, plus de manière implicite. Il tire donc parti de cet événement, pour construire une structure narrative propre aux films d'espionnages et, très en vogue à cet époque, aux thrillers politico-paranoïaques. Il est alors question d'un homme (Warren Beatty, impeccable), un journaliste ayant assisté 3 ans plus tôt à l'assassinat d'un sénateur et qui décide, après l'ultimatum désespérée d'une consœur mettant le doigt sur la disparition successive des témoins présents ce jour-là, et la mort de cette dernière, de reprendre l'enquête. Il est aussi question d'une agence, la Parallax Corporation, qui recrute des assassins en puissance, à l'aide d'un test de recrutement finement élaboré (cf la superbe séquence dans les bureaux de l'agence, avec la projection d'un étrange montage photo). Le film, comme une mécanique sombre, s'ouvre et se referme, par l'intermédiaire d'un travelling avant et arrière, sur une commission d'hommes rendant un verdict faussé. Le journaliste, qui réussira à intégrer la-dite agence de tueurs, se verra prendre au piège, manipulé comme un vulgaire pantin. Si The Parallax View fait partie de ces grandes fictions politiques des années 70, c'est d'abord par le soin apporté à sa mise en scène qui, par le magnifique travail sur la photo, apparaît comme une évidence esthétique. Ensuite, parce que Pakula réussit l'exploit d'une narration fluide et cohérente, évite toute facilité et dresse le portrait d'un pays, rempli de conspirateurs prêt à tout pour faire basculer la politique de leur côté, au bord de l'implosion. A noter l'excellente bande-son, qui n'est pas sans rappeler celle de son futur chef d'œuvre, Les hommes du Président.