C'est l'histoire de Mao, un dictateur musulman, dans une zone industrielle qui se meurt. C'est l'histoire d'une poignée d'ouvriers, fervents musulmans, convertis ou à convertir, qui luttent contre la sous-traitance. Des blocs de palettes rouges qui s'élèvent jusque dans le ciel en guise de décor, Ameur-Zaïmèche transforme l'espace en un théâtre de difformations sociales, une sorte de prison dont la sortie reste infranchissable, coincée quelquepart derrière cette architecture Lynchienne. Seul moment de dépassement ; un ouvrier grimpe jusqu'au sommet, et, vu du ciel, se fait muezzin. Seul moment où l'homme trône au-dessus de son devoir, de son employeur, qu'il laisse parler lui-même et l'adoration qu'il porte à son Dieu, le film devient plus particulièrement une ôde aux travailleurs de toutes origines. Pourtant, derrière cette mathématique du décor, derrière le symbole qu'offre la zone industrielle (et même si Ameur-Zaïmèche s'en affranchit pour quelques séquences), derrière cette pleine possession du lieu où il capte le geste travailleur et héroïque face à un patron des plus magouilleurs, il laisse s'échapper des ambiguïtés bien difficiles à résoudre. C'est-à-dire qu'au final, à part nous prouver courageusement la souffrance des ouvriers et la cupidité de la direction, que veut nous dire le film? Il parle de l'Islam à la première personne, visiblement par une expérience au moins, si ce n'est tout simplement par une éducation. D'un côté, Mao, figure diabolique s'il en est, vivant reclus dans son bureau de chiffres et bien loin de toutes responsabilités, est montré comme le grand méchant loup, un manipulateur intelligent et habile. Il se sert de la religion comme un prétexte efficace et bénéfique à sa petite entreprise personnelle, quand d'autres seuls y voient l'évasion, la raison et le soutien. Mais que pense Ameur-Zaïmèche de cette situation épineuse? Car lorsque Mao (dans le rôle de ce dictateur justement) s'entretient avec l'un de ses ouvriers et lui demande d'app