Un bon film de Virginie Despentes qui a, entre autres, le mérite de nous décrire le milieu Punk des années 80, chose rare au cinéma, avec attention et tendresse . Et comme Despentes l’a vécu de l’intérieur à l’époque, cela est plutôt réussi. Toutes les séquences sur la jeunesses de deux héroïnes sont très réussies : les modes vestimentaires, les attitudes, la « philosophie », la punk attitude, et surtout une incroyable bande son, électrique, forte, avec probablement tous les principaux « standard » de cette musique, intéressante, même pour des non spécialistes. La partie contemporaine par contre sonne moins juste. Le choix du casting est un peu discutable : les deux stars Emmanuelle Béart et Béatrice Dalle sont tellement « marquées », par leur propre personnalité , que l’on a du mal à les imaginer comme les suites des deux jeunes ados, la mayonnaise ne prend pas bien.. Et l’accroche est difficile, même si dans la dernière demie- heure Béart gagne en substance et en profondeur, surtout dans la crise finale où elle fait tout exploser. Sa performance dans la scène de rupture du couple, dans la boite de nuit, pleine de désespoir et de fureur, est formidable. La réalisation de Despentes est assez classique et ne brille pas par une technicité particulière. Mais il y a quelques moments très réussis comme celui du duo de chanteuses latinos, au cabaret, sur la chanson de Léo Ferré « Avec le temps », c’est sublime et intense d’émotion. La petite fête Punk à la campagne aussi, où la bière coule à flot et la musique est à fond, nous rappellerait presque le naturaliste « Une Partie de campagne » de Jean Renoir. . Au final une histoire d’amour un peu iconoclaste, originale et touchante, mais qui se laisse voir avec plaisir, malgré quelques imperfections.