Produit suite à la victoire juridique de Kevin McClory face à Ian Fleming, Jamais plus jamais est le remake non-officiel d’Opération Tonnerre. Toutefois, le film s'éloigne de l'histoire originale et ne conserve que sa structure, laissant suffisamment de libertés aux scénaristes pour inclure tous les éléments chers aux fans de la saga. Cela commence avec l'acteur principal, Sean Connery, qui reprend le costume de l'agent britannique qu'il avait laissé en 1971 en jurant de ne plus jamais y toucher (d'où la blague avec le titre). Sa seule présence est une attaque envers Roger Moore, l'interprète "officiel" de l'agent à l'époque, dont la prestation était souvent jugée inférieur à celle de l'acteur écossais. Les scénaristes poussent le bouchon encore plus loin en mettant en scène un James Bond vieillissant, considéré comme incapable par ses supérieurs, ce qui n'est pas sans rappeler les critiques à propos de l'âge de Moore, considéré par beaucoup comme trop vieux pour le rôle (surtout dans Dangereusement Votre). Les responsables de Jamais plus jamais sont donc content d'avoir récupéré Connery et n'hésitent pas à le montrer son son meilleur jour, c'est à dire torse nu ou en salopette (!). Par ailleurs, quelques blagues méta faisant référence aux attentes du spectateur se glissent dans les dialogues, comme par exemple "I hope we're going to have some gratuitous sex and violence". Ces clins d’œils complices ne sont pas des paroles en l'air, puisque l'intrigue comporte beaucoup, beaucoup de James Bond Girl ainsi que des scènes d'actions parfois farfelues, comme seuls les scénaristes de la saga ont le secret. Malheureusement, cet opus ne corrige pas les défauts d'Opération Tonnerre. On retrouve ici aussi cette narration chaotique, issue d'un montage pas toujours judicieux et d'ellipses étranges, qui tiennent presque du faux raccord. De plus, la musique est complètement à coté de la plaque. John Barry ne s'est pas occupé de cet épisode, et il a été remplacé par du free jazz et la cucaracha. Pas vraiment du meilleur effet. Cependant, Jamais plus jamais est l'un des James Bond classiques les plus soignés visuellement. Déjà, les effets spéciaux sont mieux gérés que d'habitude, les fonds verts sont moins visibles. Mais en plus, le film propose des images rarement vues dans la saga, à la fois vivantes et bien composées (la scène du bal, le plan découpé en quatre). Les responsables voulaient tellement faire de Jamais plus jamais un vrai James Bond qu'ils ont fait un film pile dans la moyenne de la saga, avec ce que ça a de positif (l'action, l'aventure) et de plus négatif (le ridicule assumé qui fait parfois rire jaune).