Un petit quelque chose de très attachant dans cette comédie sans prétention, de et avec Lucien Jean-Baptiste dans le rôle d'un père de famille d'origine antillaise, immature, idéaliste et pas franchement bosseur, qui joue et perd au PMU le peu qu'il gagne pendant que sa femme trime toute la journée pour nourrir leurs 3 enfants. Confronté à ses multiples promesses restées en l'état, Gabriel est mis en demeure de tenir celle qu'il a faite un peu légèrement à ses enfants : les emmener tous au ski aux vacances de Pâques. Sinon, le divorce lui pend au nez. Aiguillonné par la perspective de perdre celle qu'il aime plus que tout, le dilettante secoue un bon coup sa paresse et de petits boulots en débrouille parvient à réunir les fonds nécessaires à un séjour à la neige. Seulement, il partira sans Suzy. Sa femme, épuisée nerveusement et physiquement, préfère rester à Créteil pour faire le point. Du coup, c'est sa mère qui prend la place. Interprétée par Firmine Richard, Bonne Maman Marie-Thérèse Louise-Joseph ne s'en laisse pas compter. Catholique pratiquante à cheval sur la religion, dotée d'un solide bon sens, sous ses airs de matrone pète-sec, elle n'en a pas moins un coeur généreux et saura résoudre les problèmes avec pragmatisme pour pallier les défaillances de son fils. Les voilà donc tous partis dans la superbe Mercedes customisée de l'ami Jojo, qui frise l'attaque d'apoplexie en les voyant s'éloigner... On a droit à certaines scènes de débutants qui rappellent beaucoup "Les Bronzés font du ski". Plus sérieusement mais sans moralisation, le film aborde aussi le racisme ordinaire et les préjugés ignorants vis-à-vis de ces Noirs à la neige parmi les Blancs. A cet égard, le couple Morgeot est un vrai régal de drôlerie et de tendresse, servi par l'excellente interprétation de Bernadette Lafont et Michel Jonasz. Les 3 enfants jouent également très bien, avec une mention spéciale pour l'aîné, Yann (Jimmy Woha Woha), sensible et blessé d'avoir un tel bon à rien pour père, même -et surtout- parce qu'il l'aime malgré tout et voudrait tant en être fier. Anne Consigny est juste dans son rôle de femme usée par les désillusions. Quant à Lucien Jean-Baptiste, tour à tour drôle et émouvant, il fait passer avec talent son personnage de l'insouciance inconséquente à la prise de conscience puis à la responsabilisation. On s'en doutait, tout est bien qui finit bien. Une comédie courte (1 h 25) et vraiment sympatique, à déguster en famille.