Depuis plus de dix ans, Judd Apatow donne ses lettres de gloire à la comédie U.S.. Producteur de Disjoncté ou de Supergrave, scénariste de Freak and geeks, le réalisateur américain possède des amis partout et une joyeuse bande de fidèles parmi lesquels on peut citer Paul Rudd, Steve Carell, Jonah Hill, Jason Segel (How I met your mother) et même Adam Sandler qui tient l'un des rôles-titres de Funny people. Au premier abord, face à un tel casting, difficile de ne pas s'attendre à une bonne grosse comédie qui tâche avec un niveau de vulgarité à faire rougir Jean-Marie Bigard. Sauf qu'en jetant un oeil à la durée - plus de deux heures - on se dit qu'il y a anguille sous roche et qu'Apatow nous a réservé quelques surprises. Ne vous fiez surtout pas à l'affiche du film qui annonce pompeusement "entre Woody Allen et Blake Edwards" car Funny people est bien loin des interrogations existentielles d'Harry dans tous ses états et du comique burlesque d'Edwards. S'il fallait jouer au jeu des influences, il faudrait plutôt chercher du côté du Man on the moon de Milos Forman avec... tiens donc... Jim Carrey. Comme vous le devinez donc, ce film propose de voir l'envers du décor à travers un roi du stand-up qui tente de donner une seconde chance à sa vie mise en péril par une maladie mortelle. Soyons clair d'emblée, Adam Sandler n'est pas Jim Carrey et est bien incapable durant ces plus de deux heures de sortir de l'image qu'on connaît, peinant, à quelques rares exceptions, à faire vibrer la corde sensible du spectateur. On sent toutefois que l'acteur s'est inspiré de sa propre vie, son visage affiche (volontairement ?) ses véritables années et la manière dont il joue son rôle ne dénature pas vraiment le propos du cinéaste. Toutefois, si on ne devait retenir qu'un acteur de ce film, ce serait une fois de plus Seth Rogen. En manager et apprenti roi du stand-up, son personnage apporte, comme à chaque long-métrage auquel il participe, le sel du film et c'est lui, au final, qui donne l'épaisseur nécessaire au personnage de Sandler. Il est en quelque sorte le miroir que l'on brandit afin de révéler l'âme de l'autre. Adam Sandler n'est pas le seul acteur du film à sortir des sentiers battus et trouve un sérieux concurrent avec Eric Bana. Alors que l'on garde en tête sa prestation dans Munich ou, dans un autre genre,Hulk, ce rôle disons plus comique surprend véritablement et donne à penser que cet acteur est encore loin de se hisser dans le haut du panier. Vous ne serez donc pas surpris de lire que ce film est décevant pour la simple et bonne raison qu'il exploite, comme je l'ai dit plus haut, une veine scénaristique déjà développée dans Man of the moon et que la comparaison est loin d'être à son avantage. Les fans d'Adam Sandler devraient par contre y trouver largement leur compte de démesure et d'insultes en tout genre.