Avec son histoire rebattue et son casting de stars, Je l'aimais est une sorte de téléfilm de luxe, proche de l'insupportable navet guimauve, mais sans jamais vraiment y tomber, pas nocif mais sans aucun intérêt. Rempli de grands noms pour rameuter le spectateur : réalisé par Zabou Breitman, d'après un roman de la successful Anna Gavalda (Ensemble, c'est tout), avec le couple Daniel Auteuil-Marie Josée Croze en tête d'affiche. Rempli de petits artifices formels pour faire opiner le cinéphile : flous, décadrages, ruptures de ton passé/présent, rêve/réalité, ombres chinoises embrumées de fumée de cigarette... Fort de son budget conséquent et de sa carte de visite, Zabou sort, sur plus de 300 copies, une romance déjà vue et affadie, qui a plutôt le profil de l'habituel petit film français romantico-psychologique de la semaine, passé inaperçu et relégué imédiatement aux oubliettes.
Le film traite de questions déjà posées mille fois avant lui (et mille fois mieux) : raison ou passion? fidélité ou cocufiage? compte en banque ou grand amour? Pour se démarquer, Zabou compte moins sur l'histoire que sur le traitement, la mise en scène. On sent bien que la réalisatrice veut exprimer une vérité des sentiments, toucher à l'absolu et à l'universel. Mais là où d'autres auraient fait un choix entre le discours sentencieux (''En amour, il faut...'' , ''Je t'aimerai jusqu'à la mort'' , ''Que tu es belle en robe du soir, à la lumière des lampions'') et l'affect, le (res)senti, Zabou ne tranche pas, mêle les deux dans un petit exercice de style assez vain et mécanique. Le récit est totalement prévisible, réplique par réplique, scène après scène, programmé. C'est à la mise en scène de rechercher l'originalité, mais elle n'a pas de principe directeur solide ; en l'état, elle tombe rapidement dans l'enchaînement inégal d'artifices dérisoires, du plus monstrueusement au minusculement brillant. (la suite sur mon blog : http://mon-humble-avis.blogs.allocine.fr/)