Comme quoi le cinéma français n'est pas encore complètement mort. Ces sujets qu'il affectionne, les romances impossibles au coeur d'une France de carte postale, sont ici transplantés dans un cadre bien plus exotique, et admirablement filmé, avec une patte asiatique qui n'est pas sans rappeler (esthétiquement j'entends) le Wong Kar-Waï des meilleures heures, avec la clarté nécessaire pour la lisibilité de l'action, malheureusement peu économe. On peut reprocher à Zabou Breitman d'en faire parfois un peu trop, un peu trop beau, un peu trop mouvant, un peu trop voyage d'affaires, mais depuis quand la romance française n'avait pas été si passionnante, si pleine de fourmillements, d'ambiances, d'idées? Hong-Kong, terre des angoisses et des apaisements, devient le personnage principal du film, la mère de la relation entre Pierre et Mathilde. La cinéaste y expérimente tout un travail sur les sensations en tant que moteur de captation des sentiments. Les effleurements et les ballades nocturnes sous un amas de lumières valent mieux que les baisers froids et quotidiens que l'on a l'habitude de voir. Les étreintes (pas encore brisées!) sont pleine de densité et transpercées d'un amour réel car la caméra suit le parcours du coeur comme dans un labyrinthe sans issues. Comme si Daniel Auteuil se faisait peu à peu piéger dans l'antre du corps de l'être aimé, le voilà qui abandonne, flêchit et s'effondre. Il y est magnifique d'interiorité et de simplicité. En face de lui, Marie-Josée Croze, splendide nymphe aux cheveux d'or, détruit du regard la petite parcelle d'humanité qu'il lui reste. Ils sont émouvants, vrais, ils existent sous l'objectif inattendu de Breitman qui, si elle n'évite pas certaines longueurs et maladresses (toutes les parties au présent sont très glauques et interminables), ainsi qu'un scénario somme toute prévisible et formaté, a réussi à filmer la souffrance masculine en une cinquantaine de minutes d'une beauté et d'une substance formidables, les plus belles que