Quand on a découvert "Se souvenir des belles choses", on est restés sans voix, tant le choix du sujet, la direction d'acteurs, la délicatesse de traitement des sentiments, tout était bouleversant. On s'est dit: un grand cinéaste français est né. Hélas, qu’est ce qui a pris à Zabou Breitman, d'adapter Gavalda? Auteuil raconte à sa belle-fille, qui vient de se faire larguer par son conjoint, (Florence Loiret-Caille, très bien), qu’il regrette de n’avoir pas eu lui-même le courage de vivre jusqu’au bout son histoire d’amour…Et zou! on enchaîne sur le film dans le film, qui commence de façon hilarante. Daniel Auteuil, chef d'entreprise, va faire des affaires à Hong Kong sans chercher à connaître les coutumes locales et sans parler un mot d'anglais. Il doit donc se fier à sa traductrice (vous connaissez beaucoup de chefs d'entreprise qui remettent leur sort dans les mains d'un traducteur de rencontre?). Les chinois interrompent la première réunion: on peut pas continuer, Auteuil n'est pas dans son état normal, il est en train de tomber amoureux. Que des chinois profèrent, devant des étrangers, ce genre de réflexion intime, c'est si inenvisageable qu’on se demande si on est dans un film comique. Hélas, non. Auteuil et Croze entament une liaison passionnée. Il la regarde avec l'air concentré du chat qui fait dans la braise. Marie-José Croze, qu’on a bien aimée dans beaucoup d'autres films, a toujours l'air ici, d’être un peu à côté. Ils se retrouvent pour des coïts frénétiques dans des chambres d'hôtel, au gré des déplacements de l'industriel, elle vient le rejoindre -pour se payer Bangkok -Chicago juste pour tirer un coup, il faut être très... amoureux? non, riche. A la fin, notre Daniel ne peut se résoudre à tout perdre, sa maison au bord de la mer, ses amis et ses habitudes (dont sa femme), pour ce nouvel amour. Dernière image: quelques années plus tard, il croise à Paris la jeune femme avec un petit garçon qui pourrait être son fils? On n'échappe à aucun poncif!