Savez-vous quel est le comble d’une comédie ? De ne pas faire rire. C’est précisément le cas de ce "Boule & Bill" premier du nom : autant être honnête, il n’a rien de vraiment hilarant. Ah si, j’exagère, il y a un truc drôle, mais vraiment drôle : le coup de la porte ! Mais après, on n’a pas grand-chose à se mettre sous la dent. Malgré tout, l’esprit de la BD est là grâce à une accumulation de gags que l’on peut retrouver dans l’œuvre de Roba. Mais cette accumulation vient assez tard, comme si on s’était mis soudainement à feuilleter les pages d’un album en enchaînant les gags les uns après les autres, tout en suivant un fil conducteur synonyme d’histoire. Hé oui, en plus de ne pas être drôle, ce "Boule & Bill" a été pensé comme une introduction, une implantation du contexte pour le(s) film(s) à venir. En effet, préférence a été donnée à la présentation des personnages, à la mise en place du contexte familial. Autrement dit, on nous explique comment on est arrivé à cette famille telle que tous les lecteurs de la bande dessinée la connaissent. Nous avons donc là une adaptation libre des planches de Jean Roba, ce qui explique les directions prises quelque peu inattendues. Cap est donc pris sur la S.P.A., là où les réalisateurs ont choisi de commencer conformément à leur propre expérience personnelle pour entendre la très attendue voix prêtée au cocker. On retrouve aussi un certain nombre de choses, comme la fameuse 2CV rouge familiale, le papa brun, la maman blonde, l’enfant ainsi que le cocker roux, et leur pavillon muni de son jardin. MAIS ! ah ben oui, toujours ce grand « mais » qui encombre mon clavier… le papa de Boule porte des lunettes (ce n’est pas le cas dans la BD), le visage émacié de Marina Foïs ne correspond pas à celui plus rond de maman Boule, quant aux tâches de rousseur de Boule, où sont-elles passées ? Mais qui a donc fait ces choix étranges ? Malgré tout, des efforts ont été consentis sur les coiffures, encore que la plus ressemblante est celle de Marina Foïs. A cela, on rajoute pas mal de choses appuyées à grand renfort de musiques préexistantes. Si appuyées qu’elles dépassent le niveau du cliché pour atteindre celui du ridicule. Je pense notamment aux face-à-face entre le chien et la tortue Caroline. La frustration, ou la déception, ou la colère (appelez ça comme vous voudrez et pourquoi pas les trois en même temps) commence déjà à s’immiscer. Sans compter qu’on s’étonne de voir papa Boule désireux de se débarrasser du chien ( ???), de même que le déplacement de l’intrigue dans un appartement parisien ( ?????). En plus de ça, quelques faux raccords viennent compléter cette triste adaptation
(par exemple on voit papa Boule passer avec une rare application –surtout chez un homme– l’aspirateur dans la chambre en chaussettes, et sur le plan d’après, il est en chaussures !)
. Et ça finit sur un anachronisme, et de taille ! L’intrigue se déroule en 1976, et les premières planches de la bande dessinée doivent être présentées au Journal de Spirou. Or, la véritable BD a vu le jour certes chez Spirou... mais en 1959 ! Pour les collectionneurs, il s’agit du numéro 1132. Hormis le chien, dont on saluera le dressage, il n’y a donc pas grand-chose à sauver de ce film, pas même le jeu d’acteur. Sans compter qu’il manque l’ami de Boule, j’ai nommé Pouf. Vous savez, ce gamin relativement boudeur qui ne voit rien à cause de la longue frange de cheveux qui lui cache les yeux… Oui eh bien patience, sa courte entrée en scène
(probablement après avoir été faire une petite coupe)
laisse augurer d’une suite (de la même façon que la manière d’amener cette famille à l’écran), ce qui est confirmé par la saynète post-générique. Quoiqu’il en soit, si dans les albums la famille était éminemment sympathique, c’est loin d’être le cas ici. Il n’y a plus qu’à espérer du mieux (un gros mieux !) pour la suite parce que pour le moment, ça ressemble plus à une histoire d’une affligeante banalité, mettant presque plus en avant les problèmes de couple et professionnels que la complicité inébranlable entre Boule et Bill, le tout sponsorisé par Frolic ! Misère, le pauvre Roba doit hurler à la mort dans sa tombe… Même le public ne s’y est pas trompé puisqu’après un démarrage en trombe (ah ! nostalgie, quand tu nous tiens !), la fréquentation n’a cessé de baisser de semaine en semaine. Près de deux millions d’entrées au total, largement suffisant pour mettre en chantier un deuxième opus… Alors croisons les doigts…