Oulah ! Dès que l’on pose les yeux sur l’affiche, on sent déjà venir le film lourdingue ! Surtout avec cette première réalisation de Michaël Youn, huluberlu non pudique du Morning Live (cette réputation d’avoir les fesse à l’air…) qui n’a pas vraiment embelli le visage de la comédie française (La Beuze, Les 11 Commandements, Iznogoud…). Alors, quand le bonhomme décide de mettre en scène l’un de ses personnages inventés de toute pièce, on peut réellement craindre le pire. Et finalement, Fatal n’est pas si catastrophique que cela !
Pour ceux qui seraient passés à côté des clips de ces dernières années, ceux d’un certain Fatal Bazooka étaient diffusés. Il ne s’agit ni plus ni moins d’un rôle que s’est offert Michaël Youn afin de percer dans la musique (Fous ta cagoule, J’aime trop ton boule de mec, Parle à ma main, Ce matin va être une pure soirée…). Un personnage adepte du rap qui se retrouve ici héros d’un film qui met sa célébrité en valeur (via des succès comme Tuvaferkwa). Jusqu’à ce que sa renommée passe entre les mains de la nouvelle star du moment : Chris Prolls, vedette suédoise de l’électro. Une descente aux enfers que va connaître Fatal, ce qui va le faire renouer avec ses racines et le retour à la célébrité.
Franchement, noter ce film a été une tâche difficile. En effet, Fatal est un film qui penche aussi dans le grand n’importe quoi qui fait pitié mais aussi dans le délire qui fait mouche. Oui, vous avez bien : qui fit mouche ! Vous allez voir, Fatal peut se montrer étonnamment travaillé pour un film de cet acabit !
Commençons par les défauts, forts nombreux ! Déjà le scénario, grand vide sans queue ni tête ! Tout un amas de vannes qui fusent sans arrêt. Des répliques qui sentent la vulgarité et le caca prout à grand nez. C’est entièrement débile et franchement, ça en devient lassant de voir des personnages parodiques au possible et non travaillés qui se lance dans des joutes verbales à la qualité douteuse. Et le film n’est bâti que sur ce schéma « scénaristique », proposant son lot de chansons, jusqu’à une histoire de souvenirs et de nostalgie pour le héros. Un retour aux sources qui se traduit par ce rappeur tentant de se faire une place à la ferme, de se faire draguer par une coincée finalement allumeuse comme tout, de retrouver sa foi en allant combattre un mouton démoniaque (?!) dans la montagne qui aurait tué son père (?!?!).
Sans oublier toute la troupe d’acteurs qui se sont retrouvés dans cette affaire-là ! Ça surjoue à foison, il n’y a aucun talent spécifique, Michaël Youn fait du Michaël Youn (se met en avant et reste la star de son propre film) tout en faisant intervenir des copains à lui (l’inévitable Vincent Desagnat) et d’autres noms de la comédie française juste pour leurs noms (Stéphane Rousseau, Fabrice Éboué, Armelle, Jean Benguigui, Ary Abittan…). Une réunion qui se veut promotionnelle, histoire d’attirer du monde et du calibre (au final inexistant) à un film bas de gamme.
Et pourtant, Fatal cache bien son jeu. Ou plutôt, c’est Michaël Youn en personne qui révèle un enfant qui use de son univers pour amuser la galerie. Cela, Mister fesses du Morning Live le montre via une mise en scène d’une efficacité sans précédent. Rien que le début, sous forme de reportage retraçant le succès montant de Fatal Bazooka (avec des chansons et des clips bling bling) qui nous mettent directement dans le bain. Mais là où Fatal fait preuve de « créativité » (un grand mot mais je n’ai rien trouvé d’autre), c’est par le biais de ces personnages qui pullulent dans son film. Car s’ils se montrent parodiques et joués de manière excessive, ce n’est pas pour rien !
Pour vous mettre la puce à l’oreille, prenons l’exemple du rival de Fatal : Chris Prolls, suédois faisant référence à la marque de biscotte Krisprolls. Ou encore la femme de Fatal, une certaine Athena Novotel (clin d’œil à Paris Hilton), bimbo sans cervelle qui ne pense qu’au luxe. En passant par un agent du nom de Tony Tarba (le verlan pour « bâtard »). Sans oublier les nombreuses références aux films (8 Mile, Requiem for a Dream, Shining, Gladiator, Zoolander…), à la musique (Daft Punk, MC Hammer, Eminem, Sheryfa Luna, Iggy Pop…) et à la télévision (Nikos Aliagas, les Enfoirés, South Park…). Ajoutez à cela quelques détails forts drôles (des curés et une chorale d’enfants chantant Pédo File) et vous obtenez une ambiance sous amphétamine forte agréable, qui s’amuse à critiquer le monde du showbiz. Où l’abondance de personnages hauts en couleurs et d’acteurs qui surjouent prend alors tout son sens.
Et c’est pour cela que j’attribue une telle note à Fatal. Non pas pour son manque d’intelligence et encore moins pour sa débilité permanente sans intérêt. Mais plutôt pour le côté déjanté de son acteur/réalisateur qui a su grandement s’amuser comme un petit fou. Et cela se ressent à l’image ! Autant dire qu’il faut laisser ses neurones de côté quand on voit ce film. Mais franchement, les abandonner quelques instants de cette manière, ça passe !