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    John McCabe
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    TTNOUGAT
    TTNOUGAT

    600 abonnés 2 530 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 4 juillet 2017
    Comme toujours avec Altman l’originalité est au rendez vous et forcement ses films ne peuvent pas plaire à tous. Ici, la dérision est absente ce qui permet de parler de classicisme. En effet ‘’John McCabe ‘’ est cohérent de bout en bout et bien que lente et contemplative la mise en scène est agréable par tous les détails qu’elle révèle. C’est donc indiscutablement un beau western, rare par son ambiance sombre bien qu’ enneigée et malgré le pessimisme profond qu’il dégage. De tous les personnages, c’est McCabe le plus attachant, Constance remplie sa vie avec de l’opium et bien qu’elle soit assez liée à McCabe elle n’aura jamais la générosité de lui montrer. D’un certain coté, on peut comparer cette œuvre personnelle au fatalisme des films ‘’noirs’’ américains. Altman a mis tous les clichés classiques du genre mais il en a subit le charme au point de s’y intégrer et d’y intégrer les spectateurs par voix de conséquence. Le talent du couple vedette à fait le reste. Résultat : un western tardif (1902) que l’on n’oublie pas.
    ronny1
    ronny1

    40 abonnés 913 critiques Suivre son activité

    2,5
    Publiée le 8 janvier 2017
    Si RIO CONCHOS est le western le plus sous estimé du cinéma, JOHN MACCABE est le plus surestimé. Soyons clair, la grande force du film tient à la sublime musique de Leonard Cohen qu’Altman à découvert au cours d’une soirée alors que le film était en post production et au couple Warren Beaty - Julie Christie (parfaite de bout en bout) imposé par la production, le choix d’Altman étant George C. Scott et Patricia Quinn (pourquoi pas Laurel et Hardy avec doublage dans la scène d’amour). Au crédit également un duel final dans la neige (réelle, donc une vraie prouesse cinématographique), mais le fait que le tueur ne s’en sorte pas atténue le propos du film contrairement au GRAND SILENCE de Sergio Corbucci qui me semble avoir une autre force (mais aux yeux des critiques le petit italien ne peut rivaliser avec le grand maître américain). Egalement l’assassinat de Carradine et la fumerie d’opium sont des grands moments. Et pour finir l’ensemble est baigné dans une ironie parfois amusante.
    Au débit une bande son qui par moment est inaudible (pour une fois la VF marque des points), qu’Altman voulu en état malgré l’avis du monteur Lou Lombardo (pour le lui reprocher dans des interviews ultérieurs !!!). Egalement une mise en place laborieuse (pour pas dire pire) qui montre la difficulté à clarifier le script, c’est à dire à faire des choix. Enfin la pellicule, voulue ainsi par Altman, qui blesse les yeux des spectateurs en passant du trop sombre au trop lumineux (ciels insupportables). Le talent et le travail difficile de Vilmos Zsigmond ne sont pas en cause, il n’a fait que retranscrire les désirs du réalisateur.
    Ce film, aux qualités contrastées, est un mélange d’infantilisme qui consiste à tout casser et d’un certain intellectualisme qui désire montrer la réalité (la négation de la création artistique) et que la critique new yorkaise considère comme le sommet de l’art. Même à Los Angeles, l’American film Institute classe JOHN MacCABE, sans peur du ridicule, comme le 8e meilleur western de tous les temps. Rien que chez Ford, Hawks, Walsh plus du double qui le surpasse de cent coudées. Quant à la dénonciation du capital, Altman devrait laisser ça à des gens qui savent le faire comme Francesco Rossi ou Pietro Germi, voir au DETECTIVE de Gordon Douglas. Enfin, pour la destruction du mythe, RIO CONCHOS, THE MAN WHO SHOT LIBERTY VALANCE ou le GRAND SILENCE me paraissent autrement plus percutant que ce boueux pensum.
    MaxLaMenace89
    MaxLaMenace89

    62 abonnés 282 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 novembre 2016
    Western tant crépusculaire que mélancolique, McCabe & Mrs. Miller perpétue le rite du Nouvel Hollywood en prenant à contre-pied le western classique et ses conventions, s'attachant à des figures médiocres qui piétinent la saleté de l'époque. La forme même du film embrasse cette crasse, avec son image vieillie aux lumières jaunies, sa texture sonore volontairement gardée abîmée. Mais le tout est poli par l'ambiance musicale de Leonard Cohen, douces complaintes qui bercent ces protagonistes qui ruminent leurs vieux rêves de l'Ouest. Comme incomplet, le film offre quelques intrigues éphémères, dommages collatéraux d'un western désenchanté où Robert Altman embrasse à cœur perdu la mélancolie. L'ultime acte cède finalement aux codes, chasse à l'homme toutefois filmée avec une crudité folle, sans musique, bercée par le souffle du vent, un climax sur le qui-vive révélant le vrai propos du film : la démystification du "self made man", la dénonciation du capitalisme, le portrait boueux d'un pays où les plus petits sont dévorés par les plus grands. Spleen atypique qui livre de vraies images de cinéma, McCabe & Mrs. Miller fascine autant par son authenticité que son cynisme.
    weihnachtsmann
    weihnachtsmann

    1 188 abonnés 5 196 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 novembre 2016
    Un western sous forme de huis-clos. Statique et d’une violence sourde tout à fait en phase avec l’ambiance de balade tranquille portée par la musique. Le thème est original et nous présente un héros peu habituel, ne cherchant que la quiétude et se trouvant à regretter ses choix.
    Kloden
    Kloden

    128 abonnés 997 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 19 septembre 2016
    C'est curieux mais sans doute véridique ; à tant porter un regard contrit et désespéré sur l'effondrement de ses mythes, à se lamenter de ce qu'elle n'est pas et n'a jamais été sans contrepartie aliénante (c'est-à-dire une terre libre d'opportunités et de méritocratie), l'Amérique et son cinéma donne la douloureuse impression de cultiver positivement un regret par lequel elle essaie de ranimer la flamme de ses idéaux. Comme si pleurer sur ce qu'on n'est pas, c'était déjà l'être un peu, c'était déjà mieux que rien. Cette mélancolie si innervante de toute une frange du cinéma américain, c'est Robert Altman qui en admirait les formes dans MacCabe and Mrs. Miller, anti-western de 1971 dont l'ambiance froide et pesante est à des années-lumières de celle du Grand Silence de Sergio Corbucci. Si l'italien retournait les standards esthétiques du western, c'était certes pour en décaper les mythes, mais en leur offrant un sursaut glorieux et onirique, comme s'ils s'apprêtaient à quitter une vie devenue indigne d'eux, sans personne pour croire en leur puissance, dans un état de grâce magnifique qui laissait place à un sentiment d'abandon total. Altman, lui, s'essayait à quelque chose de beaucoup plus réaliste, faisant de sa figure principale, un homme à la flatteuse réputation, l'image même de tous ces hommes incapables de supporter le statut de légende dont on les revêtait. Aussi extérieure à lui-même qu'une épaisse peau de bête portée pour se couvrir du froid, et investie de la même fonction protectrice, la réputation de héros ou de dur de John MacCabe ne le protège en rien des balles, et même pas de la peur qu'il en conçoit. L'homme, pourtant désacralisé, se trouvera de ce fait même capable d'un courage bien plus respectable, parce que coûteux, à la fois à portée de la main humaine et si dur à saisir. Cette dimension humaniste, Altman la développe d'ailleurs tout du long. La violence est rare, même un bordel se construisant plus comme un lieu de respect et d'attention que comme un défouloir. En plein froid, les hommes font contre mauvaise fortune bon cœur. Les filles de joie, d'un métier qui les voue à priver leur corps de leur liberté, tirent un lieu de confort et même parfois de joie. Tout du long, l'humanité de MacCabe et Mrs. Miller est volontariste, devant son expansion non pas à sa force de maîtrise mais à sa patience et à sa capacité à faire des compromis. On est loin des illusions fondatrices des États-Unis, c'est certain. Pourtant, le pays et sa structure n'y ont pas moins droit de cité que dans tout western digne de ce nom ; il intervient par une trust en pleine essor, symbole du capitalisme dévorant et de entreprenariat à l'échelle inhumaine. Altman finit sur cette base de décliner sa vision morose, niant le pouvoir du pays à maîtriser ses propres tumeurs (l'avocat et la justice, un temps envisagés comme recours face à la violence, paraissent finalement abstraits et lointains) et redonne à son personnage principal, un temps privé de sa force, celle de faire face avec droiture. Quand le pays et ses valeurs perdent tout sens, c'est à l'homme de s'affirmer, n'oubliant pas qu'il n'a de devoir citoyen que si sa citoyenneté lui préserve des droits, qu'une nation n'est pas l'ensemble de ses membres mais une volonté partagée de surélever chacun par le biais de tous. Quand ces concepts sont bafoués, reste alors à revenir à soi-même, et à ne pas le faire trop tard sous peine de voir s'éteindre en plein blizzard un feu qui ne nous aura jamais réchauffé. Western d'importance, et vrai western tant son propos politique est conséquent, MacCabe and Mrs. Miller n'est pas de ceux qui conçoivent l'Amérique comme une idée propre à exalter les hommes ou à les faire grandir en leur désignant la grandeur. Plus ramassé, il préfère en revenir à une dignité et à une persévérance qui, bien au-delà des idéaux collectifs (MacCabe et les tueurs se font face dans l'indifférence totale d'une communauté qui s'unit pour éteindre l'incendie), rend à l'homme sa propre vérité et la possession exclusive de son existence.
    Alain D.
    Alain D.

    600 abonnés 3 296 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 8 septembre 2016
    Un Western hors normes réalisé par Robert Altman. Avec une mise en scène de haute précision et un éclairage très chaleureux, il nous conte une histoire émouvante dans laquelle les personnages ne sont pas des héros, mais des gens simples et attachants. L'image et la direction d'acteurs sont d'une très belle facture. Le casting est aussi de qualité, avec les belles présences de Shelley Duvall et de
    Julie Christie, que l'on voit trop peu ; elle réalise une superbe prestation dans le rôle de la troublante Constance Miller, l'associée de John. Quant à Warren Beatty, il est tout simplement exceptionnel dans le rôle principal de John Mc Cabe. Pour ne pas contraster cette ambiance douce-amère, la bande musicale, signée Leonard Cohen fait merveille.
    Moorhuhn
    Moorhuhn

    146 abonnés 579 critiques Suivre son activité

    4,5
    Publiée le 22 juillet 2016
    Il y a des jours où tu te demandes pour quelles raisons tu ne vois pas plus de films d’un cinéaste alors que les différents aperçus que tu as eus de sa filmographie t’ont marqué par leur intelligence. C’est mon cas avec Robert Altman dont sa vision acérée d’un Hollywood gangrené m’avait remué dans The Player. Mais c’est surtout la finesse de sa représentation de la société américaine qui m’avait bouleversé dans son chef d’œuvre Short Cuts. Et John McCabe ne déroge pas à la règle tant le film m’a mis une petite baffe à tous les niveaux. La première qualité marquante qui saute véritablement aux yeux pour le coup est cette photographie incroyable, véritable peinture orchestrée par le regretté Vilmos Zsigmond qui dégage une atmosphère particulière selon les lieux où l’action se situe. Les scènes d’intérieur dégagent notamment quelque chose de très envoûtant, comme si une sensation de chaleur envahissait toute la pièce qui est filmée. Les extérieurs sont au contraire froids, bruns et sales, conférant à la scène un aspect hostile dans lesquels l’humain médiocre patauge, s’enlise. Formellement parlant ce film est un véritable bijou mais il n’y a vraiment pas que ça.

    La mise en scène notamment n’est vraiment pas en reste, l’ensemble étant filmé tout en maîtrise et surtout tout en finesse. Je veux dire par là que Robert Altman ne va jamais surligner sa scène de manière lourdingue, beaucoup d’idées et d’enjeux passent par l’implicite, par les non-dits. Et c’est ce qui rend cette relation entre McCabe et Mrs Miller aussi belle car elle respire l’authenticité, le vrai, rien que par l’écriture des personnages et par la façon de mettre en scène leurs interactions. La déception qui se lit dans le regard de McCabe quand il apprend que Mrs Miller est avec un client peut servir d’exemple pour illustrer ce propos. Il n’y avait pas besoin de rajouter un dialogue explicatif, tout passe par l’image, la direction d’acteurs et c’est tout simplement brillant.

    Et quelles prestations pour incarner ces personnages, le tandem Beatty-Christie est tout simplement excellent. C’est d’ailleurs dingue de voir à quel point le jeu de l’actrice a évolué depuis Dr Jivago où je trouvais que son interprétation mécanique était le point faible du film. Ici c’est tout l’inverse, elle sait rendre son personnage indépendant et fort. Une femme entreprenante, courageuse, avec du caractère et un charme dingue. Une vraie femme quoi ! Et cette relation entre les deux personnages principaux est passionnante à voir évoluer avec cette rivalité aussi intense que leur attirance mutuelle. Mais elle est aussi dramatique de par son aspect irrémédiablement superficiel, monnayé et finalement sans véritable avenir. Ce n’est d’ailleurs pas pour rien que le titre du film est ainsi puisque les enjeux reliés aux deux protagonistes principaux sont très passionnants et illustrent à merveille la complexité des interactions humaines.

    Mais le film ne s’arrête toutefois pas là en arborant aussi une toile de fond sur la fin d’une époque ainsi que sur la fin annoncée d’un genre cinématographique : le western. L’industrialisation est galopante, la voiture fait son apparition et la figure de l’homme de l’ouest devient obsolète, comme broyée par l’arrivée fracassante de cette nouvelle ère. Idée véhiculée aussi à travers le personnage de McCabe qui est précédé d’une réputation de fin tireur alors qu’il n’est qu’un sombre couard qui se retrouvera pourtant confronté à son destin absurde. C’est bien là le grand drame en sous-texte de ce film, le progrès avance et les hommes sont condamnés à disparaître gratuitement, subitement et sans que l’Histoire ne les retiennent. A ce titre le final est aussi amer que superbe. Robert Altman aura frappé fort avec ce film qui brille sur tous les aspects et propose une relecture intelligente du genre. Sans oublier ces magnifiques compositions de Leonard Cohen, d’une grande beauté apaisante mais surtout d’une profonde tristesse. McCabe and Mrs Miller est une œuvre brillante et à (re)découvrir absolument.
    selenie
    selenie

    6 344 abonnés 6 208 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 janvier 2016
    Au début le réalisateur et Warren Beatty s'entendent à merveille et "John McCabe" ne sera pas un western épique et conquérant mais plutôt un western réaliste et crépusculaire comme on pu l'être avant des films comme "Un nommé Cable Hogue" (1970) de Sam Peckinpah. Le Far West c'est aussi et surtout la lâcheté des uns, la médiocrité des autres comme les difficultés des intempéries comme des rencontres. En cela le duo Altman/Beatty a réussi son coup. "John McCabe" est un western atypique où le héros est un looser caché derrière une façade de respectabilité, et derrière lui la discrète matronne mène le jeu.
    gimliamideselfes
    gimliamideselfes

    3 096 abonnés 3 969 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 9 septembre 2015
    Ah c'est un film qui me faisait envie depuis très longtemps, alors forcément je ne savais rien du film si ce n'est qu'un western réalisé par Altman ça ne pouvait pas être mauvais, du coup j'ai été un peu déçu parce que j'imaginais autre chose... Enfin rien de grave parce que c'est vraiment très bon ! Alors je ne suis pas rentré totalement dans le film, j'ai un peu décroché vers la fin (qui n'en reste pas moins belle, mais elle ne m'a pas émue).

    J'ai vraiment adoré le début, la musique de Leonard Cohen, quelle idée géniale, le type qui débarque, l'iconisation du personnage toute en douceur, on apprend qui est John McCabe par une rumeur de bar, lui se présente comme un businessman, c'est mystérieux...

    Puis vient cette prostituée, on sent qu'elle envoûte un peu McCabe, elle vient et directement il la suit, c'est elle qui a le pouvoir. Et il y a une scène que j'adore McCabe veut la voir et on lui dit qu'il est avec quelqu'un et on voit tout sur son visage... Tout est là, pas besoin d'en dire, d'en faire plus. Le film possède une ou deux autres scènes similaires et ça humanise totalement le personnage mais sans jamais lui faire perdre de son aura ou de son charisme.

    C'est un film intéressant, doté d'images magnifiques sur la fin, dans la neige. D'ailleurs j'aime vraiment bien cette ambiance pour un western, la neige, le froid, la désolation, c'est presque plus envoûtant encore que le désert et la chaleur.

    Je ne suis pas un grand fan de Warren Beatty, mais il empeste la classe, il habitude le film.

    Franchement c'est bien, je regrette juste d'être un peu sorti du film, mais je le reverrai dans 10 ans une fois que je l'aurai totalement oublié peut-être que je l'aimerai plus encore.
    Shephard69
    Shephard69

    341 abonnés 2 259 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 20 janvier 2015
    Un western étrange, bien loin des standards habituels, lent mais une peinture superbement réaliste et authentique du Grand Ouest. Un film à la photographie assez belle, des personnages riches et des acteurs plutôt bons, à l'image de Warren Beatty mais un long-métrage qui ne m'a pas plus marqué que ça.
    soniadidierkmurgia
    soniadidierkmurgia

    1 200 abonnés 4 185 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 3 décembre 2017
    A l'instar de ses collègues réalisateurs de la même génération (Blake Edwards, Monte Hellman, Sydney Pollack, George Roy Hill, Arthur Penn, Sam Peckinpah), Robert Altman signe avec "John McCabe" un western hors norme comme pour participer à la courte résurrection d'un genre tombé en désuétude au cours des années cinquante à force de ne pas savoir se renouveler. Comme eux, Altman nimbe son film de la nostalgie du temps où l'initiative individuelle n'avait pas encore été entravée par la main mise du progrès et des trusts qui l'ont accompagné. Mc Cabe (Warren Beatty) est un petit entrepreneur qui a compris le parti qu'il pouvait tirer de la colonisation avec quelques prostituées, des cités minières reculées où les ouvriers isolés se font un plaisir de dépenser leur argent à peine gagné dans les saloons et les bordels. Humaniste à sa manière, tâtant allègrement de la bouteille, McCabe n'a pas une vision très productiviste de son business et l'arrivée dans la bourgade de Constance Miller (Julie Christie), prostituée expérimentée, reconvertie en maquerelle avisée va lui permettre de développer rapidement son affaire. Mais le capitalisme déjà triomphant qui va mener en quelques décennies les Etats-Unis à la tête de l'économie mondiale, n'entend renoncer à rien et les riches trusts de l'industrie minière sont prêts à se diversifier dans le commerce des corps pour renforcer le contrôle de leur main d'œuvre. Retoucher une partie des salaires versés n'est après tout pas si négligeable. McCabe prié de revendre son affaire, endosse désormais le rôle de la chèvre de M Seguin. C'est une société en mutation et son basculement dans l'asservissement matériel qu'Altman décrit . Il n'en n'ira pas autrement pour sa deuxième et dernière incursion dans le genre ("Buffalo Bill et les indiens", 1976) où il s'attaquera plus précisément à la commercialisation du mythe de la conquête de l'Ouest par Buffalo Bill, son plus célèbre éclaireur, phénomène précurseur de la société du spectacle si chère à Altman. C'est dans la région de Vancouver que le réalisateur reconstitue la cité minière de Presbytan Church et peut conduire un tournage comme il les aime, c'est-à-dire dans l'esprit de troupe si propice à nourrir sa féconde créativité. McCabe., on le comprend très vite n'est pas un héros mais un quidam ordinaire qui comme tout un chacun essaie de survivre dans un environnement difficile. Le parti pris du réalisateur est donc ouvertement naturaliste, demandant à son chef opérateur Vilmos Zisgmond une photographie n'utilisant presque pas la lumière artificielle destinée à magnifier les paysages et les acteurs principaux. Idem pour le son qui doit ressembler le plus possible à celui de la vie réelle. Même démarche au point de vue narratif où hormis lors de la scène finale, aucun coup de feu ne sera échangé. Une démarche que lui reprochera Warren Beatty qui au cours de la première à San Francisco trouvera le son inaudible, ne permettant pas à son goût au spectateur de suivre correctement l'histoire. Il est en effet classique de mettre en avant le dialogue des personnages principaux dans un souci de clarté narrative. Les deux hommes ne tourneront plus jamais ensemble. Au final, Altman avait sans aucun doute raison, les enjeux du film étant assez évidents et l'intérêt de celui-ci reposant davantage sur la description des mœurs d'une communauté que sur les ressorts dramatiques. Même froissé par les méthodes d'Altman et sans doute aussi un peu jaloux de la performance de Julie Christie sa compagne (nommée à l'Oscar) qu'il avait imposée, Beatty se montre très convaincant dans les fripes de McCabe, sorte d'idéaliste qui s'ignore, refusant de se soumettre à plus puissant que lui. Les rapports entre McCabe et Miller sont aussi finement ciselés par Altman qui montre l'amour naissant insensiblement par-delà la relation d'affaire. De manière très poétique, il referme son film sur l'image de la très belle Julie Christie alanguie par les vapeurs d'opium et toute à la joie d'avoir enfin retrouvé l'amour non tarifé. Un très beau film qui reste une des étapes importantes de la carrière de celui qui fut l'un des piliers de la Mecque du cinéma dans le dernier quart du XXème siècle.
    Benjamin A
    Benjamin A

    717 abonnés 1 922 critiques Suivre son activité

    3,5
    Publiée le 15 mars 2014
    Avec "John McCabe", Robert Altman casse une partie du mythe de l'ouest Américain et nous offre une représentation authentique de la vie dans l'Ouest sauvage à travers cette histoire où l'on suit un homme qui arrive dans une petite ville avec comme ambition d'y ouvrir un bordel. C'est un western assez lent qu'il nous offre mais qui n'ennuie pas, il montre la vie dans cette petite ville, les personnages sont intéréssant et réaliste, notamment les deux principaux, John McCabe, opportuniste, charismatique et parfois trop sûr de lui et Constance Miller, la prostitué d'expérience, d'apparente froide et distante vis à vis de McCabe. Les deux sont bien écrit et campé avec brio par un Warren Beatty barbu et assez classe ainsi que la belle Julie Christie. La reconstitution est réussi et nous permet de mieux nous immerger dans ce bordel, les images sont belles, Altman semble vouloir faire passer beaucoup de messages à travers son récit, autour du capitalisme, de l’évolution, du progrès, la société ou encore de la prospérité, traité avec plus ou moins d'importance. Un bon western, pas exempt de tout défauts à commencer par un scénario qui parfois peine à convaincre mais plutôt bien fait, porté au son de Léonard Cohen, humain, réaliste, parfois touchant et captivant.
    Raw Moon Show
    Raw Moon Show

    139 abonnés 832 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 9 mars 2014
    Warren Beatty m'aura scotché dans 2 films : Splendor in the Grass et John Mc Cabe. Un de mes westerns préférés. Altman y démonte consciencieusement la mythologie de la conquête de l'Ouest, plaçant à dessein l'intrigue dans une "Daisy Town" fantomatique, une de ces villes nouvelles perdues voire oubliées dans les montagnes enneigées, figeant dans ses glaces les illusions des personnages principaux venus y trouver fortune… Le réalisme du décor, le caractère anti-spectaculaire du duel final entre l'individu déjà broyé et la machine capitaliste venue défendre ses intérêts pour récolter cyniquement ses dividendes de mort font de ce film l'une des plus grandes réussites d'Altman...
    Estonius
    Estonius

    3 474 abonnés 5 453 critiques Suivre son activité

    5,0
    Publiée le 27 janvier 2014
    Un western crépusculaire avec des images d'une beauté époustouflante. Ce film porté par deux acteurs extraordinaires est encore aujourd'hui mal compris. Non Warren Beatty n'est pas un lâche (d'abord c'est quoi la lâcheté ?), il va ainsi à la rencontre d'un type qu'il prend pour un tueur, il s'en va ensuite tenter de négocier avec le vrai tueur. Le film se veut simplement réaliste (et oui, on peut mourir d'un simple coup de poing dans la tronche) Non le film ne se livre pas à une condamnation "morale" de la prostitution, d'ailleurs le rôle de Julie Christie est très explicite à ce sujet, le modèle de bordel qu'elle propose, c'est avec "des filles classes et du linge propre". Et effectivement ce que l'on voit se passe dans une ambiance bon enfant, quasi familiale. Il y a à ce sujet une réplique surprenante où Julie Christie explique à une jeune veuve qu'elle vient d'engager que la prostitution a plus d'avantages que le mariage. En fait les seuls méchants sont les trusts qui commencent à se former, avec la description des conditions de travail inhumaines et leurs tueurs patentés, pour qui la vie humaine (entendez celles des autres) n'a aucune valeur. A côté d'eux le couple de maquereaux parait tout à fait sympathique. Mention spéciale pour la dernière scène filmée en pleine tempête de neige, l'un des plus belles scènes du cinéma ! Chef d'œuvre ... à tout point de vue... malgré son pessimisme.
    Hotinhere
    Hotinhere

    570 abonnés 4 995 critiques Suivre son activité

    4,0
    Publiée le 21 janvier 2014
    Un western élégiaque qui démystifie la légende du Grand Ouest, porté par un couple charismatique et bercé par la musique folk et mélancolique de Leonard Cohen.
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