Sortie sur 12 copies, voilà un petit bijou qui va encore passer sous silence, disparaître très vite des écrans, très injustement. Très injustement sous-estimé aussi et aussitôt catalogué "Film US indé" sans aller voir plus loin. « Quoi de neuf rien de spécial »… Tout est surréel : personnages qui ont tous un grain, socialement très mystérieux (à l'exception de Brian et son entrepôt de literie quatrième-dimensionnesque, on ne saura jamais vraiment ce que font ces doux-dingues dans la vie, menant leurs existences improbables et tordues, parallèles, tangentes au monde réel). Qu'est-ce que Brian fait exactement dans ce labo, avec son pote (branleur obsédé sexuel) qui étudie le comportement de rongeurs démissionnaires et dépressifs, son obsession de l'adoption, d'avoir un enfant chinois ; John GOODMAN qui se fait trimbaler comme une grosse barrique, sur le dos, dans le coffre des véhicules qui évoquent pour le coup des corbillards, ce qui donne une traversée singulièrement inventive de New York. D'un quotidien morne et dérisoire éclot fantaisie, irrationnel et tendresse. Étrangement, ce sont les séquences avec le homeless barbu qui sont le plus réalistes, irruption de pure violence, totalement impromptues, inexplicables et flippantes, introduisant du fantastique et de l'horreur même. Du jamais vu en ce qui me concerne. Ah oui, j'oubliais : c'est d'une drôlerie impayable, à base de dialogues décalés, absurdes, pince sans rire : "Où est-ce qu'on vous installe le lit ?" - "Que diriez-vous de le poser dans la chambre ?" ; la scène de l'évacuation du cancer est juste à pisser de rire, etc. Bref, on fait tout un flan des frères COEN, de Judd APATOW ou de Very Bad Trip ; ici, on touche à quelque chose d’inattendu, différent, singulier, original, qui sort vraiment du lot (par le haut), qui parle mine de rien de paternité, de sentiment amoureux, de la famille. « Hey, I’m Happy !