Avec MASAHISTA, Brillante Mendoza nous emmène dans une exploration des bas-fonds des Philippines au rythme de nuits chaudes et sulfureuses. C’est à travers l’histoire d’Illiac, jeune masseur philippin dans un salon qui de sert de bordel, que Mendoza trouve motif à dénoncer les pratiques clandestines qui prennent place un peu partout dans son pays. Illiac est un jeune loup curieux et ambitieux qui va très vite se retrouver inconforté par la dualité qu’impose sa double vie ; lorsque celui-ci se prépare au deuil de son père et qu’une rencontre dans le salon de massage où il travaille va bouleverser sa vie, deux évènements troublants et étrangement liés. Ledit jeune homme qui a encore toute sa vie devant lui va alors se rendre compte de ce qu’il veut vraiment, apprendre à prendre finalement les bons choix. Mendoza parvient à doter un récit, fonctionnant selon un ingénieux principe de symétrie, de la fluidité nécessaire pour s’attacher à ce personnage en apprentissage, assez naïf, candide, voire paumé, superbement porté par la fraîcheur de la révélation Coco Martin. Le cinéma de Mendoza est un cinéma exotique, original et certes très particulier, mais particulièrement très intéressant, pour lequel il faut savoir voir au-délà de ses aspects sulfureux, pour y découvrir la profondeur d’un propos très sérieux, même politique. Sans jamais juger ni donner de leçon de morale, Mendoza observe la sexualité, qui, dans un pays paradoxalement très catholique, est autant un péché qu’un commerce. Tourné en huit jours et avec des moyens très réduits, MASAHISTA est au final un grand premier film, mi-documentaire, mi-fiction, qui a d’ailleurs parcouru un certain nombre de festivals aux quatre coins du monde, raflant sur son passage quelques prix, notamment un Léopard D’Or dans la section Vidéo du Festival de Locarno.