Grizzly Rage est comme la très grosse majorité des DeCoteau une petite production pas franchement réussie, mais qui n’est pas là, en l’occurrence, non plus totalement à la ramasse.
Coté casting les acteurs ne sont pas mirobolants, mais au moins ils ont un mérite : ils s’investissent dans leurs rôles. Ils essayent vraiment de donner du volume à leurs personnages. Alors certes ils jouent plutôt mal que bien, ils passent parfois sérieusement à coté, pas aidés par des dialogues discutables et des réactions peu cohérentes, mais ils essayent de faire les choses du mieux qu’ils peuvent, et c’est louable. Malgré tout il ne faut pas s’attendre à des miracles.
Le scénario est lui très moyen. Il est assez rythmé, ce qui est une bonne surprise chez DeCoteau. Malheureusement, il faut reconnaitre que l’histoire est archi-classique. Elle est par ailleurs bourrée de clichés et de poncifs éculés jusqu’à la moelle. Elle est très linéaire, avec des rebondissements qui certes mettent de l’action, mais peinent à relancer sérieusement l’intrigue. Des questions restent en suspend à la fin, laquelle n’est par ailleurs pas très convaincante (avec un pseudo-rebondissement final qui ne surprend plus personne en fait, tellement il a été utilisé). Bref, c’est trop juste.
Sur la forme enfin, Grizzly Rage se rattrape un peu. C’est clair que ca reste un téléfilm d’attaque animal très basique, mais DeCoteau a fait un effort, et le film a une allure plus classieuse que certains Asylum ou Nu Image par exemple. La mise en scène est plutôt honnête. Elle peine un peu à faire interagir efficacement l’ours et les personnages. Toutefois dans les scènes d’action c’est honorable, et surtout DeCoteau prend plaisir à filmer un des arguments du film : les décors. Ceux-ci sont très agréables. Ils donnent une belle impression de crédibilité au film, lui confère une ambiance réaliste très plaisante, et fort bien appuyé par un rendu atmosphérique soignée. Ainsi il y a de belles scènes avec éclairs, et surtout le vent. On le voit, et on l’entend en fond de certaines scènes, ce qui est trop rare au cinéma et donne pourtant une ambiance authentique très bienvenue. Je note au passage une photographie elle aussi plutôt réussie, avec un bémol sur la fin. Le dernier quart d’heure dans l’obscurité de la nuit est raté, car trop sombre et peu lisible. Alors comme souvent dans ce genre de petites productions Syfy, c’est fait pour un public large. Du coup il y a peu d’effets horrifiques, en dehors de quelques jets de sang (très moche au demeurant) sur la caméra. L’idée est franchement discutable car elle rend mal, et s’avère hautement risible au bout de la troisième fois. En revanche très bon appui musical. Bon, attention ce n’est pas l’excellence, mais il y a eu un réel effort de fait, même si la musique n’apparait qu’en certains moments très précis, et devient muette pour le reste.
En conclusion, Grizzly Rage n’est pas totalement mauvais. Pour un petit budget il s’avère visuellement très convenable, et laisse une assez bonne impression, en particulier grâçe à des décors solides. Je note au passage l’utilisation d’un ours bien réel lors de certaines scènes, ce qui renchérit cet aspect authentique et palpable du métrage, largement débarrassé des irritantes images de synthèse moisies. Certes peu aidé par un scénario qui patauge totalement, l’ensemble dégage une certaine sympathie. Il est trop court pour mériter la moyenne, mais un 2 se justifie pleinement.