Rarement, un film sur le fonctionnement du totalitarisme aura été plus captivant, plus angoissant et plus net..." La Vague " jouit d'un scénario simple mais efficace, inspiré de faits réels : un professeur, pour montrer concrètement à ses élèves ce que peut être l'autocratie, décide de les soumettre, progressivement, à une discipline de plus en plus stricte ou chacun doit s'entraider, se compléter, se rassembler et se ressembler pour ne former plus qu'un. On choisit un logo, un salut. Gare à celui qui n'adhère pas au système. En outre, ce type de fonctionnement n'est utilisé que sur le temps des cours et n'a pas d'autre objectif que de montrer aux élèves, sur une échelle de petite envergure, les terrifiants désagréments de ce type de régime. Mais bientôt, la situation dégénère. Le professeur perd le contrôle des lycéens. Ce qui devait être une expérience ludique et scolaire vire à la folie idéologique que rien ne peut plus arrêter. Tout cela se termine de funeste façon. Inutile cependant de dévoiler la fin à ceux qui n'auraient pas vu " La Vague ". Auquel cas, ils sont instamment priés de le faire. Ce film est exceptionnel. Il ouvre les portes de la compréhension mieux que jamais. L'avènement et le fonctionnement d'un régime totalitaire y sont évoqués de manière ingénieuse et originale. Nul question ici de retracer le parcours d'un Hitler ou d'un Staline mais bien de se mettre à notre hauteur. Il est si facile de se faire endoctriner, de céder aux pressions, de sombrer dans l'uniformisation... parfois même sans s'en rendre compte, sans saisir la gravité des événements, ce qui est le cas dans le film. Dennis Gansel marque là un grand coup et révèle mieux que jamais ses talents de réalisateur. Les jeunes acteurs sont excellents mais il convient de souligner la performance de Jurgen Vogel, poignant, profond, réel dans la peau de ce prof dynamique et aimé de tous qui va, un peu malgré lui (au départ, les intentions étaient bonnes), entrainer sa classe dans un sectarisme digne des plus féroces dictatures et n'y plus rien comprendre. C'est, quelque part, une tragédie qui se joue sous nos yeux durant un peu plus de 1h40. Une tragédie inspirée d'autres, monstrueusement réelles celles-là.