Un film intéressant de par son propos mais pétri de défauts.
Intéressant notamment lors des scènes de cours où sont évoquées tour à tour les questions de l'uniforme, du terreau favorable à l'émergence d'une autocratie, de savoir si de nos jours l'apparition d'une autocratie serait possible.
Intéressant aussi en évoquant ce fait purement humain et déconcertant : l'homme est capable de commettre des absurdités, des aberrations au nom du groupe auquel il appartient (en fonction de l'ethnie, du sexe, de la religion, d'une équipe sportive, d'un vêtement...) alors que les gens du camp adverse seraient peut être bien plus conformes à lui et ses idées que ses acolytes actuels.
Les personnages sont néanmoins trop caricaturaux et nullement nuancés (Lisa la fille hyper timide qui prend progressivement confiance en elle, Kevin le benêt de service, Marco le gentil leader qui s'éloigne de sa copine pour une autre, Mona l'anarchiste de base qui confond nationalisme et patriotisme, Tim l’antisocial qui n'a pas d'amis et est hyper influençable, Karo la jolie fille qui a les fesses entre 2 chaises...).
L’histoire est un peu trop simpliste et naïve. Le simple fait d'évoquer les régimes dictatoriaux, d'instaurer un uniforme est déjà le déclencheur de la création d'un groupe uni, soudé et fort aux idées radicales ; et ce en l'espace seulement d'une petite semaine. On saisit difficilement ce basculement. C'est trop artificiel. Rainer ou Monsieur Wenger n'a même pas besoin de s'employer, les élèves se radicalisent seuls. Tout me semble trop facile, caricatural, sans épaisseur, énorme, exagéré, mécanique, scolaire et ne sort jamais des sentiers battus. L'espace-temps choisi est ridicule : même si les masses sont généralement "facilement" manipulables, un gourou charismatique est indispensable (cf Hitler). Rainer n'a pas du tout cette carrure ! Et puis, comment s'identifier et suivre un mouvement sans idéologie ?
La fin est étrange car le propos (Rainer : "je suis allé trop loin") ne colle pas avec l'ensemble du métrage. Monsieur Wenger n'a rien créé ou contribué à créer, et c'est bien là que le bas blesse. On le voit donner 2/3 cours (pendant une semaine thématique) sans propos véhéments, sans intentions perfides. La vague s'est créée par l'opération du saint esprit, du jour au lendemain les élèves se réveillent acquis à une cause et solidaires comme jamais sans que rien ne se soit passé, sans que le prof n'ait rien dit ou fait, sans qu'ils ne se soient posés la moindre question. Alors que tout l'intérêt résidait dans le fait de voir le cheminement, l'évolution dans l'esprit et le comportement des élèves, cette partie a été totalement occultée. Le prof n'a fait qu'évoquer l'autocratie comme il aurait pu évoquer la migration des cigognes. En aucun cas il n'a mis en place les germes d'une dictature dans sa classe même s'il a imposé une certaine discipline. Sinon ce serait inquiétant et les régimes totalitaires domineraient ce monde. Ce n'est heureusement pas aussi simple ! Cela a beau être tiré d'une histoire vraie, je ne peux croire que le film colle parfaitement à la réalité. C'est forcément simplifié, trop simplifié !
Un film surcoté de par son propos fort, c'est souvent le cas...