Ca faisait un moment que je le voulais voir ce film allemand, et La Vague montre clairement que ce pays peut sortir de véritables perles cinématographiques. Le film raconte comment un professeur, faisant un cours sur l'autocratie, va mettre en place dans sa classe un système dont il va perdre rapidement le contrôle. Le film est inspiré de faits réels (inspiré seulement, car le dénouement notamment fut totalement différent dans la réalité). A l'origine, la situation a eu lieu dans un lycée des Etats-Unis en 1967, où l'enseignant Ron Jones a souhaité faire l'étude expérimentale d'un régime autocratique a sein de sa classe. Le point de départ de cette expérience (qui constitue d'ailleurs tout son intérêt) est simple : les élèves étaient convaincus que depuis la seconde guerre mondiale et le régime nazi, il était impossible de voir naître encore un autre phénomène dans le monde. C'est à partir de là que Ron Jones a décidé de mettre en place La Troisième Vague afin de montrer comment fonctionne réellement un tel régime. Cette expérience rappelle un peu l'expérience de Milgram (ou même l'expérience de Stanford) qui a montré que sous l'influence d'une autorité, un individu peut être capable de choses impensables. Ici, ce n'est pas exactement le même principe car on n'a pas exactement l'idée d'un "leader" mais plutôt d'une communauté autocratique qui prend le dessus sur le reste de la population. Mais l'idée reste la même. Toujours est-il que La Vague, en plus d'être extrêmement bien réalisé, est un film profond qui pose de nombreuses questions, et notamment : la connaissance de faits historiques dramatiques permet-elle d'empêcher nos erreurs de se reproduire ? Visiblement, ce n'est pas si sûr et ça fait un peu froid dans le dos. Le film est maîtrisé de bout en bout, avec un casting étonnamment bon (je dis étonnamment, car il n'est pas fréquent de voir au cinéma une bande d'ados tous aussi crédibles les uns que les autres). Jürgen Vogel, qui joue le prof Rainer Wenger, est incroyable pendant tout le film, jusqu'à la scène finale terrifiante, frissonnante, émouvante. Le discours final est d'ailleurs magnifique et psychologiquement très fort, une belle démonstration. Pour les jeunes acteurs, on remarque un certain talent et surtout un souci de la part du réalisateur de varier les personnalités. Les élèves réagissent tous différemment à La Vague, et c'est clairement montré. Qui plus est, le film ne tombe jamais dans ce que le geek appelera le "point Godwin", c'est-à-dire qu'à aucun moment Hitler n'est cité (une vague référence au Troisième Reich au début, rien de plus), et leparallèle entre La Vague et le régime nazi n'est donc jamais fait. Un choix très intelligent qui permet au film de ne jamais tomber dans les clichés et la facilité. Bref, un coup de maître de Dennis Gansel à voir absolument.